Steve Lukather me l'avait bien dit : "finis les compromis, désormais, on veut faire ce qui nous plaît sans obligation commerciale". Venant du guitariste de TOTO, groupe pas spécialement réputé pour ses expérimentations rock vertigineuses, cette soudaine bouffée d'oxygène pouvait surprendre. A mieux y réfléchir, elle venait surtout d'un leader (disons-le) fatigué des contraintes et qui arrive à l'âge où la liberté n'a plus de prix. Et pour l'obtenir, rien ne vaut de changer de maison de disque non plus. C'est donc les italiens de Frontiers Records qui recueillent nos quasi-quincas encore verts pour ce quatorzième album sans travers.
Long à la détente. 7 années auront été nécessaires pour voir revenir la formation avec du matériel neuf (je ne parle donc pas de l'album de reprises "Through the Looking Glass") et ça décolle dès le morceau titre avec une guitare qui nous décoche un riff imparable rappellant d'entrée un certain Dream Theater, moins métal en fusion, mais qui en impose sec pour l'occasion.
Les éclats électriques attisent cet orage sur le faussement apaisé mais joyeusement cuivré "Dying on my Feet" dans la lignée du meilleur Mindfields. On pourrait croire que nous avons à faire avec quelques nouvelles chansons bubble-gum mais TOTO élève les enchaînements couplet-refrain au delà du lissage typé capot de bagnole rutilant. Le single "Bottom of your Soul" (paradoxalement le titre le plus long de la clique) envoie galoper claviers, churs vibrants et six cordes inspirées avec un brio rarement atteint par le groupe - le retour de Joseph Williams en prime.
Adios les ambiances froides. Kimball, Lukather, Phillinganes et Paich se succèdent au chant sur des ritournelles aux accents parfois explosifs ("Hooked" et la flûte mélodieuse de l'ami Ian Anderson), parfois jazzy ("Spiritual Man"), où la sophistication n'interfère jamais avec l'émotion brute comme en témoigne la pureté lumineuse de "Simple Life".
Dire que les musiciens sont mieux qu'impeccables est une gageur sur un album de TOTO. Je ne le dirai donc pas ici (!) et préciserai uniquement l'arrivée remarquée dans le line-up officiel du bidouilleur de claviers Greg Phillinganes. Quelques effets dans la manche sur des arrangements superbes (comme toujours) permettent d'animer un disque plus concis (moins de cinquante minutes quand les trois derniers dépassaient allègrement l'heure de jeu) qui évite avec bonheur l'écueil du trop plein.
Bien sûr, la révolution annoncée n'aura pas lieu. Pas de longs morceaux, ni de grands soli débridés. Encore moins d'instrumentaux excitants comme le fut en son temps "Jake to the Bones" (excepté sur l'édition japonaise livrée comme toujours avec bonus), ni de titres à tiroirs typés "Secret World". A la place, un tour d'horizon décontracté, un cocktail bien frappé qui transforme "Somewhere in Between" en un formidable kaléidoscope, jetant un il sur le passé pour mieux se projeter vers l'avenir. Il est des retours moins convaincants.
1. Falling In Between (4:06)
2. Dying On My Feet (6:11)
3. Bottom Of Your Soul (6:58)
4. King Of The World (4:04)
5. Hooked (4:36)
6. Simple Life (2:22)
7. Taint The World (4:01)
8. Let It Go (5:00)
9. Spiritual Man (5:22)
10. No End In Sight (6:10)
Bonus Track Japanese Edition :
11. The Reeferman
Line-up de Falling In Between
- Bobby Kimball / Vocals
- Steve Lukather / Guitars, Vocals
- David Paich / Keyboards, Vocals
- Greg Phillinganes / Keyboards, Vocals
- Simon Phillips / Drums, Percussion
- Mike Porcaro / Bass
Guests :
- Joseph Williams / Vocals
- Steve Porcaro / Keyboards
- Lenny Castro / Percussion
- Ian Anderson / Flute
- L. Shenkar / Vocals
- Jason Scheff / Vocals
- Roy Hargrove / Horns
- Tom Scott / Horns
AmarokProg - Rock, Folk, Rock Alternatif, Metal, Prog Rock, Hard Rock, Blues, Bluegrass, Jazz, Celtique... le webzine musical avec albums, groupes, discographies, critiques, videos et extraits...