«Je pense que le premier morceau intitulé Tides of Time est un classique de Spocks Beard en terme darrangement et de style, mais tout le reste est assez différent. Ceci dit, tout lalbum conserve les paramètres de ce que le public attend de nous ». Cette citation de Dave Meros, le bassiste historique de la formation américaine, en dit long sur ce douzième album mystérieusement intitulé The Oblivion Particle. En retrouvant la formation en quintet (re)créé en 2013 avec Brief Nocturnes and Dreamless Sleep (Dave Meros, Alan Morse, Ryo Okumoto, Jimmy Keegan, Ted Leonard), Spocks Beard joue sur du velours et samuse à triturer sa musique sans rien démonter, préférant allumer des feux ici et là plutôt que brûler la barraque. Lalbum évite donc les expérimentations pénibles, mais également le carbone prévisible ou le buvard obsessionnel. Pour faire court, sils font plaisir aux fans, ils ne caressent pas les autres dans le sens du poil en se faisant trop gracieux ou trop léger.
Dès les contretemps de lintroductif « Tides of Time », Spocks Beard est pris en flagrant délit de contorsion sonique. On pense à Genesis (of course), au premier album (The Light, 1995), ça dépote dans le heavy qui tremble sans bredouiller. Le moteur poursuit ensuite sur un rythme soutenu, poussé par des soli de guitares endiablées (« Minion »), des claviers volubiles, une rythmique carrée des épaules. Lalbum frôle parfois des formations explosives comme Hasse Fröberg & Musical Companion (« Hells Not Enough »), virevolte sur de lacoustique plus mainstream (« Bennett Built a Time Machine »), tente de moderniser la formule (« Get Out While You Can »), séchappe dans un storytelling de longue haleine (« A Better Way to Fly »), retourne même vers le futur (« The Center Line » à lintro qui rappelle « The Doorway » et lambiance de Beware of Darkness).
Avec sa production, toujours aussi vivante, signée Rich Mouser, The Oblivion Particle met sur la table toutes les forces en présence, ses humeurs changeantes et ses mélodies à géométrie variable. Spocks Beard déploie son groove carabiné (« To Be Free Again » en gros morceau yessien) et un savant assemblage de montagnes russes dont le final « Disappear » pourrait être la vitrine officielle. Le groupe soigne ainsi ses pôles dattraction et sil nest pas aussi immédiatement séduisant que danciennes productions, il nen reste pas moins riche, touffu, joué pied au plancher par des musiciens de haut vol quitte à rouler dans les bordures pour repartir de plus belle !
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