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Hors-portée : Instrumental Sélection by Chardeau
Année album : 2005 Type : cd Studio Nb disque : 1 Durée totale - Label : Muséa
- Moyenne album : 7 - Classement album : 8374 - Consultations album : 6991
Critique de Hors-portée : Instrumental Sélection
30/10/2006
Les pochettes de ces deux digipacks jumeaux émanant d'un musicien français sorti de nulle part, chanteur, claviériste et compositeur baptisé Jean-Jacques Chardeau laissent perplexe de but en en blanc. Avec leurs tickets de métro modèle "années 80" (en fait, il s'agit d'une route avec une double ligne continue au milieur), leur point d'interrogation inversé (¿) et leur énigmatique mention "Chardeau", on se demande d'où ça sort. L'une de ces deux galettes une fois glissée dans le lecteur, on découvre une musique riche, ambitieuse et bien produite. Jean-Jacques Chardeau a décliné son oeuvre "Hors portée" sous la forme de deux albums distincts et complémentaires, l'un blanc, l'autre noir. L'antagonisme visuel entre les deux digipacks se concrétise au niveau musical aussi : le CD noir est chanté et sous-titré "Highlight", le blanc est instrumental et fort à propos sous-titré "Sélection Instrumental" (notez la faute de grammaire : Chardeau voulait que ça sonne anglo-saxon, mais c'est loupé, à cause de l'accent aigu sur le "é" de "Sélection") "Damn... je n'avais pas vu" a-t-il précisé en interview. Au rayon des musiciens invités, c'est Noël : on ne sait par quel miracle, mais Jean-Jacques Chardeau a réussi à s'adjoindre les services du violoniste du célèbre Mahavishnu Orchestra, Jerry Goodman. Et du coup, on trouve du violon dans tous les coins et recoins de ce double album. L'ex-bassiste de Magma Bernard Paganotti est omniprésent aussi. Il a ramené des collègues à lui, également ex-Magma, en les personnes de François Laizeau et de Claude Salmieri à la batterie et de Michel Gaucher au sax. Aux côtés de ces musiciens on trouve encore le guitariste Christian "Basile" Leroux (qui a joué avec Michel Jonasz, Jean-Jacques Goldman, Eddy Mitchell ou Jacques Higelin époque "No man's land") ou Bertrand Lajudie (qui a tenu les claviers dans les projets du même Bernard Paganotti). Dans les remerciements et la dédicace "À mes Maîtres" on tombe sur des noms comme John Fogerty, Pete Townsend, Terry Kath ou Randy California, mais aussi sur des maîtres du jazz comme Duke Ellington, Count Basie ou Miles Davis, de la fusion comme Joe Zawinul ou sur... Ludwig van Beethoven, Claude Debussy, Piotr Illitch Tchaikovsky, Richard Wagner et Igor Stravinsky. C'est sûr : cette musique est très influencée par le classique, "cyberwaltz", par exemple, est une très belle valse stylistiquement très proche d'une valse viennoise. Mais les influences ne s'arrêtent pas là et sont très larges, allant des Chemical Brothers à Frank Sinatra, de U2 aux Beach Boys, des Beatles à Ravi Shankar. Bref, Chardeau est éclectique, sans doute un peu trop éclectique. C'est le principal reproche que l'on peut faire à ce double album : on n'y trouve aucun fil directeur, aucune style défini et l'on est sans cesse ballotté des accents jazzy à la chansonnette, de la musique électronique au rock ou à la fusion. En fait, les nombreuses influences évoquées plus haut déterminent un cadre, mais celui-ci est si large qu'on s'y perd. C'est aussi ce qui fait que cette musique échappe aussi à toute classification formelle. "Highlight" est une collection de chansons sophistiquées aux confins de la variété et du rock français qui font tantôt penser à Higelin, tantôt à Bashung et parfois même à Gainsbourg. Côté textes, il sont assez assez riches, imagés et souvent amusants (j'ai beaucoup aimé l'affirmation "Francis aurait du s'taire"). Je trouve "Sélection Instrumental" beaucoup plus agréable que sa contrepartie chantée. L'instrumentation est en effet d'une richesse incroyable et nous fait voyager dans des contrées parfois bien identifiées, comme l'Inde avec "Mac Gigue", parfois bien plus nébuleuses. Quoi qu'il en soit, l’ensemble s’écoute avec plaisir et ce double album sorti de nulle part et inattendu est une bonne surprise. A noter une production quasiment irréprochable (que l'on doit au violoniste Richard Aubert, qui a joué avec Komintern et Atoll). Benoît Herr
KOID9
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