Pays : England
Genre : Rock Psychedelic / Space
Dates : 2000
URL : cliquez ici
- Avis : 149 note(s) et 17 critique(s)
- Moyenne albums : 8.01
- Classement : 528
- Consultations groupe : 60480
Article
24/02/2008
Type : entretien
Titre : Coup double
Après le terriblement autobiographique « Little Man », on pouvait sinterroger sur le devenir de la bande à Bruce Soord, THE PINEAPPLE THIEF. Au bord du gouffre, lauteur-compositeur a pourtant vécu une année 2007 extrêmement prolixe. Sur le plan personnel dabord avec la naissance de jumeaux, mais également musical puisque deux albums auront été réalisé et un changement de label sur les conseils dun certain Steven Wilson. En novembre dernier paraissait donc lexquis « What We Have Sown », sixième et dernier album sur le label Cyclops et enregistré après le prochain qui sortira quant à lui chez Snapper Music. Vous navez pas tout compris ? Alors suivez le guide !
AmarokProg : Bonjour Bruce ! Quelle est lhistoire de ce nouvel album intitulé « What We Have Sown » ?
Bruce Soord : Cest compliqué ! Il faut remonter au début de lannée 2007. A cette époque, je navais aucune idée de ce que le groupe allait devenir. Mon épouse était enceinte de jumeaux, et elle ne pouvait quasiment pas bouger car il sagissait dune grossesse à risques avec de possibles complications, surtout depuis le naissance prématurée de notre premier enfant qui navait malheureusement survécu que cinq jours (ndr : ce drame est au cur du précédent album « Little Man »).
Pendant que je prenais soin delle, je négociais avec un nouveau label, Snapper Music, après que Steven Wilson (ndr : le leader de PORCUPINE TREE) mait mis en contact avec eux. A ce moment là, ils étaient très intéressés mais pour diverses raisons, les négociations en restèrent là.
En fait, jétais toujours sous contrat avec Cyclops, je leur devais encore un album avec le groupe et jai donc décidé dhonorer le deal. Javoue que jétais plutôt mal à laise car jai toujours eu dexcellentes relations avec eux. Dailleurs son responsable, Malcolm Parker, est lun de mes très bons amis et il ma toujours répété que la structure de son label ne pourrait convenir si le succès du groupe allait en grossissant.
Par la suite, les jumeaux sont nés le 13 février, avec 5 semaines davance seulement, ce qui relevait du miracle. Ce fût alors un poids énorme sur mes épaules et parallèlement, je me suis senti assez inspiré pour écrire un album. Objectivement, avec deux bébés, cétait un véritable challenge pour trouver le temps daller au studio et je lai donc enregistré chaque nuit, vers quatre heures du matin ! Au bout de trois mois, javais un album entre les mains et je pouvais lenvoyer à Snapper Music. Ils lont adoré mais dans le même temps je devais donc réaliser également un album pour terminer mon contrat avec Cyclops. Jaurai pu livrer un live ou 74 minutes de chutes pour remplir mes obligations mais je ne voulais pas faire cela à Malcolm. Jai donc décidé décrire un autre album : « What We Have Sown ».
AmarokProg : Je suppose que tu as du adapter ton processus de travail ?
Bruce Soord : Oui et non. Je voyais cela comme une version longue de la série « 8 Days », ces albums bonus écrits et enregistrés en huit jours, sauf que cette fois javais 8 semaines pour le concrétiser. Parallèlement, Snapper me dit quils souhaitaient publier leur album pour le premier trimestre 2008, je savais donc que « What We Have Sown » devrait sortir au plus tard en automne 2007. Je navais pas le temps de trop réfléchir. Jai plongé tête baissée sans perdre de temps. Lurgence est une bonne chose je crois, cela confère plus dauthenticité au disque.
AmarokProg : Comment as-tu évolué dans ton approche de la composition ?
Bruce Soord : Cest une des choses qui a beaucoup changé pour moi. Aujourdhui, le processus commence sur ma guitare alors quauparavant je partais dun rythme, dun bruit ou dune séquence aux claviers. Je me souviens sur WWHS et le prochain album, javais toujours une guitare près de moi au cas où linspiration viendrait. Evidemment, cela pouvait finir en chanson pour les jumeaux ! Mais si le morceau final est en général assez éloigné du premier jet, cette façon de procéder ma libéré du syndrome la « page blanche ». Cest sans aucun doute grâce à cela que jai pu écrire deux albums en moins dun an.
AmarokProg : Comment as-tu abordé la composition du long morceau titre ?
Bruce Soord : Finalement, cest un titre assez minimaliste. Il ne possède pas beaucoup de sections pour sa durée. Je me souviens mêtre assis à mon bureau en me disant : « et si je faisais un titre très long ? ». Cest pourquoi il y a cette grande introduction instrumentale. Pour autant, jai composé de façon très linéaire, ajoutant des choses chaque jour en espérant que le voyage aboutirait à quelque chose de cohérent. Je ne savais pas que ce titre finirait par durer 27 minutes.
AmarokProg : Préfères-tu cet exercice à lécriture de titres plus courts ?
Bruce Soord : Je crois que cela dépend surtout de mon humeur. Je dois dire que jai trouvé cela assez facile de faire évoluer sur la durée ces passages instrumentaux. Mais cest un jeu dangereux. Trouver un bon riff et jouer avec peut rapidement te faire emprunter la mauvaise route. Je navais aucune idée de comment tout cela allait fonctionner mais je crois que ça marche. Pour te répondre franchement, oui, je suis très heureux décrire ce genre de partition mais je ne suis pas certain de pouvoir le refaire souvent !
AmarokProg : Justement, comment définirais-tu ton style ?
Bruce Soord : Cest un croisement de nombreuses influences des années 70 (Pink Floyd, Camel, Yes, Supertramp) mélangées à des choses plus modernes sorties ces 10-15 dernières années. Je dois dire que jignore totalement les années 80 et si jaccepte volontiers lappellation progressive dans ma musique, je suis moins daccords sur le terme « prog » qui, pour moi, me rapprocherait plus de la branche « néo » ce qui serait inexact.
AmarokProg : Cest une question de terminologie de toutes façons et nous laisserons cela aux amateurs. Peux-tu nous donner une idée du succès rencontré par THE PINEAPPLE THIEF ?
Bruce Soord : Tout dépend de la manière dont tu la mesures. Nous avons une incroyable base de fans et jen suis vraiment très heureux. Ils mont donné lénergie pour aller de lavant. Ils viennent de partout mais avec un label comme Cyclops et les festivals auxquels nous participons il sagit principalement dun public amateur de rock progressiste. Je sais que nous ne faisons pas lunanimité mais ceux qui nous apprécient le font avec une vraie sincérité. En terme de ventes par contre, on ne peut pas dire que lon connaisse un vrai grand succès. Ce nest pas très simple de trouver nos albums ... des fans mont même avoué quils avaient été obligé de nous télécharger...
AmarokProg : Quest-ce qui tas marqué musicalement parlant en 2007 ?
Bruce Soord : Tu sais, cest terrible à dire, mais jai passé tellement de temps à enregistrer que jai eu très peu loccasion découter des nouveautés. Côté musique « mainstream », jai quand même beaucoup aimé les derniers Radiohead, Queen of the Stone Age et Oceansize. Evidemment, « Fear of the Blank Planet » de Porcupine Tree même si je ne suivrais pas le même chemin sur le plan sonore. Non parce que je napprécie pas le travail effectué, mais surtout parce que je ne serai jamais aussi bon dans ce domaine !
AmarokProg : Cet album marque une apogée dans ta musique, elle semble également ouvrir des portes sur ce qui suivra, chose paradoxale car comme tu me las dit, le prochain album a été réalisé avant celui-ci !
Bruce Soord : Je ne sais pas. Je crois que jai acquis une certaine maturité dans lécriture, la production et le mixage. Mon expérience jouera forcément à lavenir et même si je ne suis pas certain de refaire un morceau de 27 minutes, le prochain album comprendra quand même des titres de 12 et 15 minutes.
AmarokProg : Peux-tu nous donner ton sentiment sur les titres de cet album ?
Bruce Soord : En général, je les sépare en deux parties. Les 5 courts et le morceau titre. Pour être honnête, comme javais assez peu de temps, trois de ces chansons sont issues des sessions pour « Little Man » mais je les ai complètement remodelées. Jai écrit « Deep Blue World » un matin, face aux bébés, ce qui ma conduit à évoquer la question de faire naître de nouveaux être au monde. Je me souviens aussi avoir écrit et enregistré « West Winds » très rapidement. Cela rejoint ce que je te disais tout à lheure : cest beaucoup plus facile de faire de la musique instrumentale !
AmarokProg : Que penses-tu du marché du disque aujourdhui ?
Bruce Soord : Cest le grand nimporte quoi. Daccord, les gens téléchargent trop, tout comme il y avait trop de personnes qui enregistrait les vinyls dans les années 70, et les majors doivent se restructurer pour survivre. Mais il y a tout autant de personnes, sinon plus, qui découvre des choses nouvelles. Et avec lInternet cest devenu très facile pour des personnes comme moi de faire connaître sa musique. Je peux dire sans aucun doute que sans Internet, je ne serai pas en train de parler maintenant et jaurai encore moins signé chez Snapper.
AmarokProg : Tes projets sont donc focalisés sur ce prochain album...
Bruce Soord : Oui. Notre signature avec Snapper Music est un grand pas en avant pour nous et cela rend dores et déjà lannée 2008 très excitante. Je dois avouer que ce contrat, nous le devons pour beaucoup à nos fans. En effet, début 2007, Steven Wilson avait ouvert sur son site une tribune pour suggérer des groupes à aider. Nos fans ont immédiatement bombardés le site ! Cest pour cette raison que Steven est entré en contact avec moi et quil a généreusement écouté notre musique. Par chance, il la appréciée et ma conseillé de me rapprocher de Snapper Music. On ne pourra pas dire que les fans nont aucun impact ! Alors voilà, nous avons un nouvel album intitulé « Tightly Unwound » prévu pour le printemps, vers le mois davril, chez Kscope, une filiale de Snapper. Jespère que cela nous aidera à mieux nous faire connaître !
AmarokProg : Penses-tu revenir jouer en France ?
Bruce Soord : Oui. Ce nouveau contrat devrait nous permettre de faire plus de concerts. Je souhaite vraiment jouer en France, nous avons dailleurs participé au festival crescendo en 2002. En tout cas je ferai de mon mieux pour que cela arrive.
AmarokProg : Question habituelle pour conclure : quelques mots à ajouter ?
Bruce Soord : Ne jamais sous-estimer linfluence que tu peux avoir sur la scène progressive actuelle. Cela nest peut-être pas aussi évident que cela mais les fanzines et les sites Internet nous permettent de nous maintenir en vie ! Sans des gens comme toi nous serions abandonnés au « coffee table cd generation »... avec des discussions tournant autour du dernier Coldplay, U2 ou Snow Patrol. Cela rendrait probablement le monde plus ennuyeux non ?
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