Dans son vaste bureau de la bruxelloise commission, Fritz Bolkenstein fulminait. Brocardé par la France "noniste", il vouait une haine difficilement contenue à ce peuple d'irréductibles mangeurs de grenouilles qui venait de lui faire savoir où il pouvait se la mettre, sa directive. Pour mieux se venger, il déguisa quelques plombiers polonais en rockers, puis nous les envoya. N'y voyant que du feu, nous accueillîmes alors favorablement Riverside bardé d'un "Out of myself" persuasif. Le cheval était dans Troie, le loup dans la bergerie et ma main dans ta gueule. Fritz pouvait se gausser. La bonne blague ! Mais le Bolkenstein est notoirement rancunier ; il nous assène aujourd'hui le coup de grâce avec "Second life syndrome". Fallait pas le froisser.
Avec ce nouvel album (paru chez Inside Out), nous pouvons craindre le pire car Riverside s'affirme indubitablement comme un groupe majeur. Sa formule, habile compromis entre les climats de Pocupine Tree et l'énergie d'Anathema voire d'Opeth, ratisse large et lui promet un beau succès que confortera assurément "Second life syndrome". Avec une différence notoire : ce disque sonne encore plus métallique que le précédent.
C'est un déluge de décibels que nous essuyons là. "Volte-face" (le deuxième morceau) déclenche un sabbat électrique qui ne s'achève qu'avec l'album. Quelle fête mes amis ! Sombre, angoissée, sauvage. Le chant se mue en cris ("artificial smile"), la musique en spasmes ; l'auditeur, ballotté au gré des humeurs de Mariusz Duda (chanteur bassiste), abandonne tout contrôle et se trouve propulsé dans un Pandémonium violent mais terriblement fascinant.
Les rares accalmies (l'introduction de "I turned you down"), infimes paravents, préparent sournoisement l'assaut final ("reality dream III", "dance with the shadow"), étreinte carnassière dont on endure longtemps après les stigmates.
En deux albums, Riverside a acquis une étonnante maturité et trouve dans ces neuf compositions le format nécessaire à son épanouissement : de longues plages aux climats contrastés qui explosent dans une acmé dévastatrice. L'univers vénéneux de "Second life syndrome" relie ses auteurs à Pain Of Salvation, mais plus encore à Opeth qu'on ne peut s'empêcher d'é(in)voquer.
Les amateurs du genre y trouveront indiscutablement une référence et acclameront cette déferlante polonaise préférable à celle insinuée par l'ami Fritz.
Stéphane Miiller
KOID9
Track-list de Second Life Syndrome
1. After (3:31) 2. Volte-Face (8:40) 3. Conceiving You (3:39) 4. Second Life Syndrome (15:40) 5. Artificial Smile (5:27) 6. I Turned You Down (4:34) 7. Reality Dream III (5:01) 8. Dance With The Shadow (11:38) 9. Before (5:23)
Total Time: 62:33
Line-up de Second Life Syndrome
- Mariusz Duda / bass, vocals - Piotr Grudziñski / guitars - Piotr Kozieradzki / drums - Michal Lapaj / keyboards
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