Après lextraordinaire écho de leurs débuts fracassants (« remember » Showbiz et Origin of Symetry, à cheval sur le nouveau millénaire), il eut été de bon ton dencenser chaque production sortie du chapeau en ébullition de Matt Bellamy. Mais excepté la comète ferrugineuse Absolution (2003), Muse sest pris comme bien dautres avant les pieds dans le tapis du succès, assez peu estimable selon certains, pour senfoncer fissa dans le fond du panier de la tambouille journalistique à la mode. Une presse qui se pinça le nez devant Black Holes And Revelations (2006) avant de se piquer dune crise durticaire carabinée sur le trop prog-rock (oui) The Resistance (2009).
Il fallait donc voir les tristes figures se pencher sur le cas de The 2nd Law comme la pauvre Rosemary sur le berceau de son bébé diabolique. Un réflexe assez fâcheux pour qui souhaite séloigner de la trempe dun Thom Yorke ou du sacro-saint Blur, inestimables trésors de la brit-pop estampillée avec de vrais bouts de génie à lintérieur. Sus à Bellamy, donc, et sa morbide fascination pour Queen ! Quand bien même tout cela raisonne comme un dernier outrage au groupe iconique de feu Freddie qui aura subit à peu près la même opprobre des mêmes trublions.
Mais, en 2012, déjà, nous avions du garanti sur pièce : Muse incarnait déjà larnaque du RocknRoll bien autant quil en fût son plus grand espoir. De lutilité de lamnésie galopante. Les articles pouvaient ainsi charrier leur bile sans vergogne et, dans le pire des cas, servir de matrice anti-Coldplay dans un savant art du recyclage.
Le cas Bellamy, complexe à force dégo surdimensionné, était donc saigné à blanc. Soldé.
Ceci dit, The 2nd Law savère un album boursoufflé. Cest vrai. Plein demphase. Cest vrai aussi. Bourré dinfluences manifestes et très, très explicites. Cest encore vrai. Et sinon ? De la belle réussite « Supremacy », au répétitif « Madness » (qui finit mieux quil ne commence, symptôme rampant dun Muse contaminé aux lois du box office), du superficiel « Survival » aux compositions signées et chantées, signe de la gangrène, par Chris Wolstenholme (« Liquid State », « Save Me »), limpression que les anglais sont en roue libre plane effectivement tout au long de lalbum. The 2nd Law est en ça la suite logique de The Resistance. Un cran en dessous.
Là où The Resistance conservait encore un brin de cohérence compulsive, The 2nd Law prend un malin plaisir à rompre tous les fils et travailler laffaire en pointillé (« Prelude »). Le côté monstrueux de la production et protéiforme des styles abordés écartèlent lauditeur entre agacement et fascination. La liberté entre les deux. Quoi quil en coûte. Morceaux emballants (« Panic Station », « Animals », « Supremacy »), vaguelette phrasée U2 (« Big Freeze »), titre survolé (« Follow Me ») et symphonico-dubstep dusage (« The 2nd Law ») sintercalent ainsi dans un enchaînement qui aurait probablement mérité un producteur prêt à se frotter sérieusement au concept album.
Et si de nombreux fans de la première heure, peu enclins aux nouvelles expériences, allèrent se (re)coucher, les autres tentèrent laventure dun album inégal mais pas déshonorant, encore moins inintéressant, qui se joue du déséquilibre sans jamais chuter et que le bien jeune Matt Bellamy sest visiblement amusé à déconstruire. Comme un doigt tendu aux girouettes. Et pour enfoncer le clou, Drone (2015) attendait déjà dans lombre pour corriger le tir.
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