A la fin des années 70, Virgin souhaite étendre son empire. En gros, léquation complète pose quelques archétypes économiques de base : achats, ventes, consolidations, expansion. Le Grand Manitou Richard Branson souhaite s'échapper de la mouvance progressive, jugée trop peu rentable par ses comptables mélomanes. Parallèlement, la vague disco explose, Pink Floyd implose remplacé par une vague Punk qui lui crache à gueule et dont la presse, toujours à l'affût de ce qui fait vendre, se fait les gorges chaudes.
Ami de longue date mais sommé de garantir une certaine viabilité commerciale (faut pas exagérer), Mike Oldfield accepte sans trop avoir le choix un compromis entre deux chaises. Platinum sera le premier album séparant une longue suite éponyme et des titres plus courts, plus ramassés et surtout plus vendeurs ! Une formule qui se répètera à lavenir et qui offre ici denvoûtantes parties instrumentales ("Woodhenge"), parfois teintées d'allégresse ("Punkadiddle" ou comment se rire du Punk en toute impunité) et cette reprise, discutable, du « I Got Rythm » de G. Gershwin.
Le single quant à lui devait être assuré par la chanson « Sally » dédiée à Sally Cooper, son épouse de l'époque, et interprétée par Sally (!) Oldfield, sa sur dont la carrière tardait à décoller. avec des paroles comme "Sally, I'm just a gorilla, I'll say I'll love you ever more/Even an ape from Manila couldn't stop me knocking on your door", le résultat ne sera pas du goût de Branson et ce dernier imposera au dernier moment la bluette « Into Wonderland » avec Wendy Roberts au chant. De quoi faire les délices des collectionneurs puisque certaines copies de l'album avec la chanson "Sally" avaient déjà été pressées et vendues ! Plus lamentable encore, Virgin n'ayant pas pris soin de modifier la pochette, le titre « Sally » notifié correspondait en fait à « Into Wonderland » un bon ticket pour la schizophrénie...
Toujours est-il que sur le gros morceau Platinum, Mike Oldfield commence gentiment son travail de saccage dans le giron du label. Linfluence Disco est manifeste mais le découpage en quatre parties laisse le premier rôle à la guitare. Brûlante malgré des séquences répétitives mais aérée par un « Charleston » frétillant et létonnante reprise du "North Star" de Philip Glass. Le final, enfin, gagne en puissance, accompagné de churs dopés aux amphétamines. Imparfait mais réjouissant, Platinum marque une cassure nette dans la trajectoire Oldfield. Difficile de lui reprocher le résultat très imparfait de la chose. Peu à l'aise avec les figures imposées, engoncé dans le pré formatage, il ne parvient quà de trop rares occasions à effleurer la profondeur des uvres précédentes.
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