Titre : La puissance solennelle dune oeuvre symphonique, mais avec la folie en plus !
Sur Of queues and cures,la rigueur classisante du groupe Egg est déclinée avec une finesse renouvelée. En effet, là où autrefois, Dave lorgnait vers la musique de chambre électrique, privilégiant la rondeur cosmique des claviers et des choeurs féminins et les ambiances feutrées, il recherche ici à déployer la puissance solennelle dune oeuvre symphonique ! Toutes les couleurs sonores sont donc utilisées, en une multitude de combinaison différentes, avec beaucoup de maîtrise et dà propos : Stewart excelle dans ses capacités dorchestration.
Notons, sur "The Bryden-2-Steps" les chants doiseaux, les cuivres, et les accords plaqués au piano acoustique (part one) ; ainsi que la plânerie au mini-moog en fin de deuxième partie, qui vient clore lalbum tout en douceur.
Sur "The Collapso", les influences classiques (Stravinsky ?) de Stewart sont particulièrement sensibles. Cette dernière composition est particulièrement turbulente ! La présence, plutôt incongrue des steel drums, et le volume magistral déployé lors de lexposition du thème principal, et dans le final, détonnent !
Notons un usage novateur de la basse sur cet album : ne disposant pas dun deuxième clavier, certaines mélodies sont jouées par la basse (Cf "The Collapso"). Cela est permis par larrivée déterminante de John Greaves, dont lunique composition vaut à elle seule lachat du disque !
Létonnante "Squarer for Maud", composée en studio, est pourtant la pièce la plus complexe de lalbum, mais cest aussi la plus démente : une vraie bombe ! Ici, on flirte avec le RIO. Les multiples cassures rythmiques et changements datmosphère senchaînent avec une logique implacable, dans un constant creshendo vers la démence. Le final est apocalyptique ! Le violoncelle et la clarinette basse se lancent dans des envolées déchirantes, atonales, et catapultées avec violence par une force rythmique avide de sang, incontrôlable, toute en convulsions, et dont lemballement ne se résoudra que par une cassure aussi violent quinéluctable.
"Dreams Wide Awake" est une composition aux saveurs latines de Miller. Mais le guitariste a « commis lerreur de me demander de faire un peu le malade durant la première partie du morceau », nous confie Dave Stewart dans les notes de pochette. Et lanimal ne fait pas les choses à moitié ! Dave continue : « cétait comme agiter un drapeau rouge sous le nez dun torreau ! Avec mon volume à fond, jai commencé une attaque à la Genghis Khan sur mon orgue. En voyant mes bras sur les touches, je me suis mis à malmener les clapets, les cordes, et les composants de lintérieur de lorgue Hammond, alors que le reste du groupe me regardait, agacé. A la fin de la séance denregistrement, en voyant le silence outré de mes collègues, jai su que jétais allé trop loin ... Mais, du fait de quelque négligence de notre part, le solo est toujours là ! ». Et quel solo !
Vous ne pourrez pas dire que je ne vous ai pas prévenus ! Si les musiciens du groupe sont des ex-Hatfield, lapproche du groupe est plus rock, le son sest durci depuis lépoque Hatfield, et surtout : le tempo est quelque peu réhaussé !!! Les musiciens sengouffrent dans linterprétation de ces compositions complexes avec une frénésie redoutable. La rythmique de Pyle est riche, trépidante ! Si une première écoute peut savérer déroutante, lalbum révèle peu à peu ses qualités, et finit par devenir une pièce incontournable de votre discographie !
"Binoculars" est loeuvre de lalbum qui se révèle être la plus fidèle à lesprit Hatfield. En effet, la voix de crooner de John Greaves, même si elle est bien différente de celle de Richard Sinclair, est voisine dans le timbre et dans le ton adopté. Jimmy Hastings, volubile, nous gratifie dun solo de flûte vibrant, aérien et enjoué, porté par les arpèges cristallins de Dave, et la basse virtuose et swing de John. "Binoculars" se situe donc bien dans la lignée de "Fitter Stoke as a Bath". Sauf. Sauf quau milieu du morceau, nous avons droit à une longue descente qui aboutit sur un mantra tout en vents soupirants. Le trombone, la trompette et le Haut bois unissent leurs voix solennelles, puis se mettent à deviser en tournoyant avec loiseau flûte, tandis que la batterie de Pip se livre à un festival de roulements de toms, et de cymbales soupirantes, traversant la nuée sonore comme autant déclairs lancinants, éblouissants ! Plânant ! ! ! Le thème chanté est alors repris, puis la flûte et la guitare unissent leurs voix avec fièvre, dans un dernier élan lyrique, qui se résout dans la réverbération lumineuse des nappes de piano électrique.
Pour conclure, nous pouvons affirmer que, "Of Queues and Cures" présente une musique cérébrale et ambitieuse ; lalbum réussit à ressusciter cette dimension orchestrale, à laquelle Dave tenait temps, au travers des contributions lumineuses des invités.
De plus, avec larrivée de John Greaves le groupe lorgne vers le RIO comme jamais auparavant. Georgie Born et la bassoniste Lindsay Cooper vont être invitées à se joindre à la formation ; et après quelque concerts, Dave jettera léponge. Difficile dorganiser une tournée pour six musiciens dont la musique fait figure dOVNI !
Mais ce nest pas fini : avec le retour dAlan, le groupe va entamer la phase la plus éblouissante de son existence, documentée sur lalbum live "Play Time". Merci Cuneïform !
aur
Track-list de Of Queues And Cures
1. The Bryden 2-step (for amphibians)Part 1 (8:52) 2. The collapso (6:16) 3. Squarer for Maud (11:30) 4. Dreams wide awake (8:48) 5. Binoculars (11:43) 6. Phlâkatön (0:08) 7. The Bryden 2-step (for amphibians) Part 2 (5:31)
Total Time: 44:48
Line-up de Of Queues And Cures
- John Greaves / bass, piano innards (3), crooning (5) - Phil Miller / guitar - Pip Pyle / drums, percussion / hand claps (3) - Dave Stewart / acoustic & electric pianos, organ, Mini-Moog (3-4)
WITH: - Selwyn Baptiste / steel drums (2) - Rick Biddulph / bass on organ solo (4) - Peter Blegvad / voice (3) - Georgie Born / cellos (1-3-7) - Jimmy Hastings / clarinets (3-5), flute (5) - Phil Minton / trumpets (1-5-7) - Paul Nieman / trombones (1-5-7) - Keith Thompson / oboe (3-5)
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