Pays : England
Genre : Rock Progressif Symphonique
Dates : 1975 - 1987
URL : cliquez ici
- Avis : 264 note(s) et 18 critique(s)
- Moyenne albums : 7.44
- Classement : 1634
- Consultations groupe : 65822
Article
04/02/2009
Type : dossier
Titre : Histoires Fantastiques
Le fameux rock progressif (ou progressiste ou ce que vous voudrez) des années 70 aura accouché de nombreuses souris et quelques chats adeptes du ronron. Emblématique dune volonté de faire le grand écart entre orchestrations passionnées et musique populaire (comprendre à succès), laventure de THE ALAN PARSONS PROJECT naura pourtant duré quune dizaine dannées et autant dalbums à la clé sans pour autant atteindre la reconnaissance des experts es progueux. La faute au succès ? Au manque dextravagance(s) de ses membres ? A un son trop propre sur lui ? A une musique que daucun définirait comme « simpliste » ? La réponse est sûrement à chercher dans tous ces arguments : curieux procès en réalité car à bien y écouter le groupe ne manquait ni de prestige, ni daudaces.
Certes, qui dit rock imagine moult esprits rebelles et quantité de gorges chaudes vociférant un monde décidemment bien mal en point. Se retourner vers 1975, date de la première expédition du Project, cest déjà entendre au loin les cris rageurs dun punk qui nallaient plus tarder à se radiner.
Paradoxalement, et alors que les ténors du rock progressiste arrivent à la fin dun cycle de créativité en ébullition (YES avec « Tales From Topographic Ocean », GENESIS avec « The Lamb Lies Down on Broadway », PINK FLOYD avec « Animals », KING CRIMSON avec « Red », MIKE OLDFIELD avec « Ommadawn »), ALAN PARSONS (27 ans) va sassocier à ERIC WOOLFSON (29 ans) pour créer une boîte à musique ambidextre.
Alan Parsons est né le 20 décembre 1948 à Londres. Il entre dès les années 60 chez EMI où il soccupe de la duplication de cartouches (ancêtres des cassettes). Une activité guère passionnante qui lui permet malgré tout de travailler comme assistant auprès de GEORGES MARTIN sur « Sgt. Pepper & Lonely Hearts Club Band» des BEATLES, un album révolutionnaire qui le décide à devenir ingénieur du son : « ce disque ma littéralement ravagé, par le talent des Beatles bien sûr, mais aussi par tout le travail effectué au-delà de la musique. Je ne pouvais plus mempêcher de chercher tous les secrets cachés pour obtenir un tel résultat ». De fait, Alan se dirige illico en direction des mythiques studios Abbey Road où il se forge une solide réputation en travaillant de nouveau avec les BEATLES pour « Abbey Road », « Let it Be » et leur fameux concert perché sur le toît de la compagnie Apple : « Je ne pouvais pas mieux commencer ! Après tout, ce nest pas donné à tout le monde de travailler avec le meilleur groupe qui soit ! ». Ses progrès sont dailleurs si remarquables que PAUL MCCARTNEY noublie pas de lengager pour ses débuts tonitruants avec les WINGS (« Wild Life », « Red Rose Speedway »), imité rapidement par GEORGES HARRISON sur « All Things Must Pass ».
Alan enchaîne alors les collaborations fructueuses avec les HOLLIES (« Ain't Heavy He's My Brother » et « The Air That I Breathe »), YES (« Symphonic Music of Yes ») mais surtout PINK FLOYD sur « Atom Heart Mother » et la clé de voûte des vendeurs de chaîne hi-fi de lépoque « Dark Side of the Moon » dont les neuf mois de travail lui vaudront une première récompense aux Grammys. Gonflé à bloc, il sengage dans la production avec la jeune formation PILOT (le single « Magic »), COCKNEY REBEL, OLIVIA NEWTON-JOHN (pré-Grease), JOHN MILES (« Rebel », « High Fly and Music »), AL STEWART avec qui il fera trois albums formidables dont le chef duvre « Year of the Cat » (76) et son successeur « Times Passages » (78). En abordant le domaine classique avec AMBROSIA, Alan Parsons élargie son registre et glane en bonus un second Grammy (dix autres nominations suivront).
Ingénieur du son prodige, producteur à succès, létape suivante semblait inévitable dautant que lidée de diriger son propre groupe le titille depuis un petit moment. Sa rencontre avec le compositeur / manager ERIC WOOLFSON allait lui permettre de se lancer pour de bon sur la voie du succès.
En effet, né le 18 mars 1945 à Glasgow, Eric sest très tôt assis au piano sous linfluence de son oncle musicien. Après quelques cours, il devient autodidacte et néglige dapprendre à lire une partition (ce qui est toujours le cas aujourdhui). Après son arrivée à Londres, il travaille comme pianiste de sessions notamment aux côtés de JIMMY PAGE et JOHN PAUL JONES, un tandem qui formera quelques temps plus tard LED ZEPPELIN. Il parvient même à obtenir un rendez-vous avec ANDREW LOOG OLDHAM, le manager des ROLLING STONES qui sexclame en écoutant une de ses démos « You're a f******* genius ». Fort de cette réaction pour le moins encourageante, Eric se voit immédiatement offrir un contrat avec la nouvelle maison de disque Immediate Records. Il est ainsi placé en tête de gondole et tout en poursuivant sa carrière de musicien de studio, place des chansons pour MARIANNE FAITHFULL, JOE DASSIN, FRANK IFIELD, PETER NOONE et un album de CHRIS FARLOWE (la première production de MICK JAGGER) avec la face B du single « Out of Time », numéro 1 en Angleterre. Il signe ensuite chez Southern Music et rejoint une équipe de compositeurs où travaillent déjà ANDREW LLOYD WEBBER et TIM RICE. Ces derniers souhaitent alors se lancer dans la comédie musicale afin de faire chanter leurs titres par les plus grandes voix. La suite leur donnera raison puisquils deviendront le duo incontournable de Broadway et Walt Disney (« Cats », « Jesus Christ Superstar », « Evita »). A cette époque, Eric ne rebondit pas sur cette idée mais comme nous le verrons, lidée fera son chemin quelques années plus tard. Enchaînant les collaborations (DAVE BERRY, THE EQUALS, THE TREMELOES), il sapprête à rejoindre une jeune formation comme claviériste mais se ravise faute dengagement sérieux pour lui garantir une place stable (ces derniers deviendront peu de temps après les 10CC, auteurs du slow rutilant « Im not in Love »).
Cest à cette époque que germe lidée dun album basé sur les écrits de lauteur Edgar Allan Poe mais la densité du projet le rebute et il ne dépasse pas le stade de quelques démos. Pour gagner sa vie, il décide alors de cumuler la fonction de manager et ses premiers clients seront CARL DOUGLAS (« Kung Fu Fighting », un gros succès) et ALAN PARSONS rencontré lors dune session aux studios Abbey Road.
Les ambitions musicales dEric combinées au talent dingénieur du son et de producteur dAlan les conduirent logiquement à la création du ALAN PARSONS PROJECT : un patronyme permettant de miser sur la notoriété du maître du son récemment double primé. Ils sont rejoints par un « troisième homme », ANDREW POWELL, qui restera toujours dans lombre du duo mais dont le rôle savèrera fondamental pour la texture sonore du projet. Chargé de la direction orchestrale, il produira les deux premier opus de KATE BUSH (« The Kick Inside », « Lionheart ») et travaillera tout au long de sa carrière avec des artistes aussi différents que PIERRE BOULEZ, LEO SAYER, LIGETI, CLIFF RICHARD, MICK FLEETWOOD, CHRIS DeBURGH, KANSAS ou le LONDON PHILARMONIC ORCHESTRA, entre autres.
Tous les éléments en place, laventure pouvait commencer. 20th Century Records accepte immédiatement le concept « Edgar Poe » et cest donc sur ces nouvelles fantastiques que se focalisera le tonitruant premier album, Tales of Mystery and Imagination (1975). Fort de leurs nombreuses collaborations passées, le casting réuni est impressionnant : ARTHUR BROWN (acteur du film « Tommy »), TERRY SYLVESTER (chanteur des HOLLIES), DAVID PATTON (qui joua avec ELTON JOHN), IAN BAIRNSON et même ORSON WELLES dont la narration ne sera finalement incluse que sur le remaster paru en 1987. Dôté dune pochette attrayante signée STORM THORGESON de HIPGNOSIS (collaborateur habituel du Floyd), lentrée en matière connaîtra pourtant un succès mitigé : lalbum ne se classe que 38ème au Billboard alors que le single « (The System Of) Doctor Tarr And Professor Fether » atteint la 37ème place. Le critique Billy Altman du magazine Rolling Stones témoigne également de cette difficile perception du travail mi-rock, mi-orchestral : « les adeptes de la littérature gothique devront encore attendre pour une lecture véritablement macabre des terrifiantes nouvelles de Poe ». Malgré tout, Tales of Mystery and Imagination permet à la jeune formation de signer rapidement avec le label Arista.
Cest deux ans plus tard et après quatre mois denregistrement que paraît I Robot, inspiré cette fois par luvre dIsaac Asimov et ses fameuses lois de la robotique. Au menu, mélange de technologies de pointe et dorchestrations inspirées qui simbriquent brillament avec le sujet. Avec la participation de STEVE HARLEY, ALLAN CLARCKE (chanteur des Hollies) et LENNY ZAKATEK, le succès sera cette fois au rendez-vous avec le tube disco-rock « I Wouldnt Want to Be Like You » (chose rare à lépoque, le single sera accompagné dune vidéo)... la pochette imaginée par Woolfson est une nouvelle fois réalisée par les studios Hipgnosis à partir dune photographie prise de laérogare de Roissy alors que la musique à la fois accessible, obsessionnelle et ténébreuse permettra à I Robot de se classer à la 9ème place au Billboard. Toutes voiles dehors, Arista en viendra à demander un album par an afin de capitaliser sur ce succès.
En septembre 1977 commence donc le travail sur le troisième opus, Pyramid, qui marquera le départ du batteur STUART TOSH pour 10CC et son remplacement par STUART ELLIOTT (ex Cockney Rebel). Les chanteurs COLIN BLUNSTONE (ex Zombies) et JACK HARRIS font également leur apparition autour dun concept axé sur la mythologie égyptienne. Le travail sachève en février 1978 : malgré des réussites parmi les plus belles du groupe (« The Eagle Will Rise Again », « Voyager », « In The Lap of God ») et une pochette représentant un Alan Parsons affublé dun pyjama, en pleine transmigration, lalbum ne saffichera quà la 26ème place du Billboard. Un semi échec à relativiser aujourdhui puisque Pyramid et son cortège dambiances mystiques est devenu lun des albums les plus apprécié des fans.
Sorti en 1979, Eve va immédiatement prendre à rebrousse poil les amateurs du Project jusquici servis par une musique symphonique qui noublie jamais la rigueur malgré les impératifs du succès programmé. Plus direct, plus pop et moins ambitieux que les trois premiers actes, lalbum aborde les effets (et non les habits) de la femme sur lhomme. Un concept aussi mince quune feuille de papier job, qui marque surtout les premières (et uniques) collaborations féminines avec CLARE TORRY (qui sétait illustrée sur le « The Great Gig in the Sky » de PINK FLOYD) et LESLEY DUNCAN (choriste sur le même « Dark Side of the Moon ») ainsi que larrivée de CHRIS RAINBOW qui participera ensuite au « Song of Seven » de JON ANDERSON. Bardé de linstrumentale « Lucifer » et du single « Damned if I Do », ce premier ralentissement artistique atteindra tout de même la 13ème place au Billboard renforçant la théorie prétendument frauduleuse succès=qualité.
Poussé toujours plus fort par Arista à produire de la musique au kilomètre, le duo décide déchapper à cette cadence infernale et de renégocier leur contrat. Aussi proposent-ils le 5 mars un album entièrement instrumental et atonal intitulé The Sicilian Defense (ndr : une stratégie assez agressive aux échecs). Lobjectif (inavoué) est de les dégager de toute obligation avec le label. Alan se souvient : « The Sicilian Defense était notre seul moyen pour mettre un terme à notre contrat avec Arista à qui lon devait 4 disques. Lalbum fût rejeté, ce qui na rien de surprenant,mais à partir de là nous avons pu renégocier sainement, notamment pour « The Turn Of A Friendly Card ». Finalement, « The Sicilian Defense » nest pas sorti et ne le sera probablement jamais, du moins tant que jaurai mon nom attaché au projet. Je ne lai jamais réécouté depuis son enregistrement et jespère que les bandes ont disparu ! ».
Cet échec anticipé leur permet de regagner en sérénité avant de retourner en studio pour un album axé sur lunivers du jeu et le roman « The Game-Players of Titan » de Philip K. Dick. The Turn of a Friendly Card sort en novembre 1980 et marque les débuts au chant de Woolfson sur le langoureux « Time » malgré les doutes de son acolyte : (Parsons) « je pensais que ce nétait pas une bonne idée pour le Project mais à partir de ce titre, Eric a interprété tous nos plus gros succès. Il ny a donc aucun doute sur le fait que javais tort ». Le mélange des orchestrations, doublé dune inspiration à bloc (notons une nouvelle pichenette à Edgar Poe avec « The Gold Bug ») offre avec le morceau titre la première suite ambitieuse du Project depuis la maison « Usher » mais également le tube incontournable « Games People Play » (chanté par Lenny Zakatek). ELMER GANTRY (« Maybe a Price to Pay ») se joint à cette aventure qui se classe à nouveau 13ème dans les charts. Avec ses trois singles, cest alors leur plus gros succès commercial. Mais de ce point de vue, le meilleur restait à venir.
Paradoxalement, malgré lambitieuse réussite de The Turn of a Friendly Card », les années 80 allaient précipiter le Project vers une musique de plus en plus tournée vers le crack-smack-pop, lobjectif étant de ratisser large. Dans cette logique, Eye in the Sky (1982) développera les concepts de la surveillance tout azimut (« eye in the sky » est le nom donné aux caméras dans les casinos), des valeurs oubliées de la vie et de lunivers. Surtout, il fera office de chef duvre relax en étalant de toute sa classe une pléiade de tubes (« Sirius », « Mammagamma ») et de morceaux de bravoure travaillés au corps sans mollir du genoux (« Old and Wise » et lindémodable saxophone de MEL COLLINS, habituel collaborateur de CAMEL et KING CRIMSON). Noublions pas la chanson titre, un carton planétaire, qui navait pourtant pas convaincu Alan Parsons lors des premières maquettes : « Je détestais la chanson lorsque nous lavons enregistré la première fois, à tel point que jétais près à tout jeté. Et puis nous avons trouvé ce son de guitare un peu hypnotique et tout sest transformé ! ». Lalbum frise même lexcès avec un « Silence and I » accompagné dune centaine de musiciens mais il arrive sans forcer en 7ème position du Billboard et renforcera au fil des années son indiscutable statut de classique.
Avec toujours plus de claviers, son successeur, Amonia Avenue (1983), creuse le sillon synthétique, un cran en dessous ; le public suit une nouvelle fois avec le tube « Dont Answer Me » et son clip estampillé bande dessinée réalisé par MW Kaluta. Quant au concept un poil obscure, Eric précisera : « lalbum se concentre sur les mésententes possibles entre les industries scientifiques et le public ainsi que sur le manque de compréhension de ce dernier pour toutes les perspectives offertes par ces avancées ». Le clip et single « Prime Time » permettra toutefois de faire grimper lalbum à la 15ème place des charts. Un arbre biscornu qui masquait la foret.
Signe du mauvais temps à venir, le premier écart de conduite est signé Alan Parsons qui participe en 1984 au premier album éponyme de KEATS. Celui-ci réunissait des habitués du Project comme Colin Blunstone, David Paton, Ian Bairnson et Stuart Elliott mais également PETER BARDENS de CAMEL. Une rareté à la sortie très confidentielle malgré un single (« Turn Your Heart Around ») et un clip vidéo qui renforçait une impression dessoufflement créatif traumatisé par les ambiances électro-faciles de plus en plus généralisées.
Symbolique à plus dun titre, Vulture Culture (à lorigine le second volet dun double album entamé avec « Ammonia Avenue ») est enregistré entre mai et juillet 84 et nous parle de consumérisme (tout un programme). Malgré un gros travail de fond, sa sortie en mars 1985 savère un échec artistique et le premier vrai flop commercial du groupe. Signe des temps, lalbum voit RICHARD COTTLE (qui a bossé avec WHAM ! et les BEE GEES) renforcer la présence des claviers alors que ANDREW POWELL et MEL COLLINS sont laissés de côté. A ce niveau, ni le single « Lets Talk About Me » pourtant appuyé par un clip (56ème au Billboard), ni « Days are Number (The Traveller) » ne sauveront un album qui peinera à atteindre une médiocre 46ème place au classement des ventes.
Après cette déception, Arista se met dans tous ses états et veut remonter la pente au plus vite. A peine le temps de se remettre que le groupe doit donc commencer le long enregistrement (octobre 84/ août 85) de Stereotomy dont le titre est tiré de la nouvelle « Double Assassinat Dans la Rue Morgue » signé linévitable (obsessionnel ?) Edgar Poe : "...The larger links of the chain run thus -- Chantilly, Orion, Dr. Nichols, Epicurus, Stereotomy, the street stones, the fruiterer". Espérant trouver de nouvelles sources dinspiration en déménageant des studios Abbey Road pour le Mayfair Studios de Londres, le duo nous propose la participation exceptionnelle de GARY BROOKER (PROCOL HARUM) sur le sirupeux single « Limelight » et le retour en catimini de ANDREW POWELL sur linstrumentale « Wheres the Walrus ? » (une nomination aux Grammy à la clé). Un titre curieux venant dune phrase de Lee Abrams, un ami du duo fréquemment crédité comme « Mr. Laser Beam » (un anagramme de son nom), qui sétait exclamé un jour en parlant dun mixage en cours : « the walrus? I don't hear the walrus ! ». Le résultat oscille en permanence entre pop et musique industrielle, lâchant une nouvelle fois son public qui ne suit plus (43ème place).
Après une participation à la musique du film Ladyhawke de Richard Donner (avec Michelle Pfeiffer, Rudger Hauer et Matthew Broderick), composée par Andrew Powell et publiée en 1995 seulement, le groupe se réunira une dixième fois pour un album consacré à larchitecte espagnol ANTONIO GAUDI. Moins technologique, plus aérien, il signe larrivée du chanteur GEOFF BARRADALE (de VITAMIN Z) alors que lindéboulonnable DAVID PATON tire sa révérence. Après quasiment un an passé en studio, Gaudi sort finalement en 1987 et malgré les craintes liées au sujet et au contexte, le résultat mi-figue, mi-raisin évite la catastrophe. Le single-clippé « Standing on Higher Ground » ne parviendra malheureusement pas à sauver lalbum du naufrage commercial avec une pénible 57ème place au Billboard plus dure sera la chute... Il est alors temps de fermer un rideau sur un Project devenu trop lourd à porter pour deux hommes qui avait manifestement bu la recette du succès jusquà la lie.
Le système du docteur Parsons et du professeur Woolfson
Au final, APP naura jamais été un groupe rebelle, ni fort en gueule, juste fort en thème (et accessoirement en variations). Certes, les rapprocher de PINK FLOYD, 10CC, CAMEL ou SUPERTRAMP na rien dune aberration ou dun hors sujet crapuleux : on retrouve dailleurs certains musiciens de ces formations dans le Project. Mais la volonté affichée de rester exclusivement en studio (attitude qui inspirera LUCASSEN et son AYREON), toujours à laffût de nouvelles technologies (utilisation précoce du Fairlight et du Vocoder) et de ne développer que des albums conceptuels en fit un cas décole dans lunivers du rock en général et progressif en particulier.
Si le duo souhaitait sarticuler sur le partage équitable des compositions, lemploi du temps surchargé de Parsons redistribua rapidement les cartes. En réalité, la réussite du groupe, sa grande force dirons-nous, fût un partage idéal des tâches : Woolfson se chargeait décrire 95% du matériel (textes, musiques) et du côté business alors que Parsons se concentrait sur la production et la technique. Un mélange détonnant, parfaitement délimité, assez bien huilé pour éviter toute crise dégocentrisme forcené sans pour autant éviter un déclin dinspiration dans lexploitation de la formule.
Fort dun mélange entre rock et classique (lune des plus belles réussite de ce couplage), cette logique les conduisit également à utiliser le talent de nombreux interprètes et musiciens qui trouvaient là loccasion idéale de chanter sans la pression engagée sur leurs propres albums.
Alan Parsons Project ou la démonstration de la bonne personne à la bonne place.
Repartis en solo et malgré la parution de nombreuses compilations, Eric trouva rapidement de quoi nourrir son inspiration après la séparation du groupe. Se rappelant la période où il avait fréquenté le couple WEBBER / RICE, et fort de laide de de BRIAN BROLLY (qui avait travaillé sur le show « Cats »), il se lancera sans hésiter dans la comédie musicale : « ALAN PARSONS PROJECT mavait permis de développer certaines choses qui raccordaient finalement très bien au milieu des Musicals. Ces derniers me permettent de mélanger de nombreux médias ce qui est parfait pour moi jai donc décidé demprunter cette voie dès le milieu des années 80 ». Amateur de longue date de tout ce qui traite de la psychologie (sujet quil étudia le sujet en compagnie de son épouse Hazel), Eric se focalisera sur luvre de Freud, prolongeant une idée qui devait à lorigine être la base dun onzième album pour le Project. Au programme, la visite du Freud Museum de Londres, sallonger dans le divan utilisé par les patients du célèbre psychologue pour raconter leurs rêves, bref, potasser le sujet casse-gueule ! Résultat de ces recherches, le très réussi « Freudiana » (enregistré par Alan Parsons évidemment) subira une sortie à remous après des imbroglio juridiques avec Brolly : ce dernier obtenant finalement le contrôle du projet, le double album original repassera en mode simple de 75 minutes. La première représentation se tiendra le 19 décembre 1990 dans lhistorique Theater An Der Wien où Beethoven conduisit la première de son seul opéra, « Fidelio », avant de connaître un très beau succès en Allemagne (380 représentations jusquen 1992, plus de 320.000 spectateurs et dans la distribution UIlrich Tukur que lon retrouvera au cinéma dans « Amen » et « Le Couperet » de Costa Gavras).
En 1991 sort « Black Freudiana » interprété par le casting allemand dorigine (un album aujourdhui introuvable), puis une nouvelle production « Gaudi » (1994) joué une nouvelle fois chez nos voisins germaniques et notamment à Cologne où un théâtre de 1700 places fût spécialement construit au cur de la ville pour le spectacle (500.000 spectateur en 5 ans).
« Gambler » sort en 1996 et reprend le thème du jeu ainsi que plusieurs titres de « The Turn of a Friendly Card » (dont « Games People Play ») lors de sa première à Monchengladbach. Ce spectacle connaîtra 6 productions en Corée (plusieurs Korean Tony Awards à la clé) et deux tournées au Japon (2002 et 2005). Il faudra attendre 2003 pour que Eric Woolfson revienne vers luvre dEdgar Allan Poe avec « POE : More Tales of Mystery and Imagination » dont le premier showcase se déroule aux studios Abbey Road avant la sortie de lalbum qui rassemble la moitié des titres interprétés sur scène.
2006 vit « Gaudi » repartir en tournée alors que « Gambler » devait suivre en 2007. Une année prolixe puisque dans le même temps, son cinquième musical « Dancing Shadows » (inspiré de la pièce pacifiste « A Forest Fire » écrite dans les années 50 par le ministre de la Corée du Sud, livret signé Ariel Dorfman) fera ses débuts en Asie dès le mois de juillet un agenda décidemment bien rempli pour une seconde carrière parfaitement négociée.
Alors que son ancien accolyte cumule les succès sur les planches, Alan Parsons éprouve quant à lui le besoin de poursuivre dans la voie du rock symphonique conceptuel et surtout souhaite enfin monter sur scène. Cest chose faite en 1993 lorsquil rassemble danciens collaborateurs du défunt Project (Ian Bairnson, Stuart Elliott, Andrew Powell) pour un premier album « Live » (essai concluant, le public est toujours là) avant un convaincant redémarrage en studio intitulé « Try Anything Once » (1994). Suivront un mitigé « On Air » (1996) et lexcellent « Time Machine » (1999). De la chanson titre de ce dernier album, Alan Parsons tirera une version remixée intitulée « The Dr. Evil Edit » après que Mike Myers ait fait référence au Project dans sa saga des Austin Powers (le projet de laser destructeur du Dr Evil se nomme en effet « The Alan Parsons Project »).
Les tournées senchaînent alors sous la bannière du ALAN PARSONS Live PROJECT (avec laccord de Eric) et Alan participe à des shows aux côtés de Ringo Starr, Yes, Kansas, Alice Cooper, John Entwistle, Ann Wilson après les départs de Bairnson et Elliott en 2004 sort le quatrième album « A Valid Path » qui se dirige généreusement vers une world musique typée électro.
Avec la participation de son fils Jeremy et de David Gilmour (Pink Floyd) lessai, malgré quelques sautes dhumeur, est largement transformé. Plus que simplement technologique, cest une vraie volonté de renouvellement quil affiche : « Lindustrie musicale bouge énormément et il faut garder lattention des auditeurs sans pour cela perdre mon identité. La musique électronique est le genre musical qui évolue le plus ces dernières années, et cest un plaisir de travailler avec de nouvelles personnes sur de nouvelles technologies ». Parallèlement, Alan écrit pour la presse Pro-Audio et est reconnu comme expert de la technologie 5.1 Surround (avec une nomination aux Grammys pour son travail sur « A Valid Path), il prodigue ses conseils dans les écoles dingénieurs du son où lors de conventions spécialisées (comme The Audio Engineering Society en 1998). Durant l'année 2006, il donna de nombreux concerts où se croisaient orchestre symphonique et show laser avant de participer au second volet de la trilogie celtique de ALAN SIMON : « Excalibur : lanneau des Celtes ».
Lhistoire continue mais plus de 30 ans après sa création ALAN PARSONS PROJECT revient périodiquement nous rendre une petite visite de voisinage. Vaste machine à sous argueront les plus grincheux qui nen finissent plus de compter les compilations de toutes sortes : la dernière en date étant de loin la plus réussie avec dans la besace quelque chose de (vraiment) nouveau : les albums remixés, nettoyés par lun des maîtres en la matière ; juste retour des choses pour un duo aux compteurs qui roulent des mécaniques :
- 45 millions dalbums vendus
- 9 nominations aux Grammys
- 50 disques dor ou de platine
- 2 millions de titres joués sur les radios américaines uniquement
Mirobolant ! Mais au-delà des chiffres, les deux hommes resteront comme des figurent singulières, un duo parfaitement synchrone qui aura sû évoluer avec son époque et voir plus loin que le tout venant.
Plus quune simple progression, Alan Parsons et Eric Woolfson avancent encore. Et cest tant mieux.
Ian Bairnson : guitare (10)
Stuart Elliott : batterie, percussions (8)
David Paton : basse, chant (9)
Andrew Powell : claviers, arrangements orchestraux (8)
Lenny Zakatek : chant (8)
Chris Rainbow : chant (7)
Colin Blunstone : chant (5)
John Miles : chant (4)
Richard Cottle : claviers, saxophone (3)
Mel Collins : saxophone (2)
Elmer Gantry : chant (2)
Stuart Tosh : batterie, percussions (2)
Geoff Barradale : chant (1)
Gary Brooker : chant (1)
Arthur Brown : chant (1)
Laurence Cottle : basse (1)
Lesley Duncan : chant (1)
Graham Dye : chant (1)
Steven Dye : chant (1)
Steve Harley : chant (1)
Terry Sylvester : chant (1)
Clare Torry : chant (1)
David Townsend : chant (1)
Quelques compilations :
The Best of the Alan Parsons Project (1983)
The Best of the Alan Parsons Project, Vol. 2 (1987)
Instrumental Works (1988)
Pop Classics (1989)
Anthology (1991)
The Best of the Alan Parsons Project (2CD) (1992)
The Very Best of: Live (1995)
The Definitive Collection (1997)
Gold Collection (1998)
Master Hits: The Alan Parsons Project (1999)
Love Songs (2002)
Ultimate The Alan Parsons Project (2004)
Silence & I: The Very Best of the Alan Parsons Project (2005)
The Dutch Collection (2007)
The Essential Alan Parsons Project (2007)
Quelques singles et leur classement au box office :
"(The System Of) Dr. Tarr and Professor Fether" (1976) #37 US
"The Raven" (1976) #80 US
"I Wouldn't Want To Be Like You" (1977) #36 US
"Don't Let It Show" (1977) #92 US
"What Goes Up" (1978) #87 US
"Damned If I Do" (1979) #27 US
"Games People Play" (1981) #16 US
"Time" (1981) #15 US
"Snake Eyes" (1981) #67 US
"Eye in the Sky" (1982) #3 US
"Psychobabble" (1982) #57 US
"You Don't Believe" (1983) #54 US
"Don't Answer Me" (1984) #15 US
"Prime Time" (1984) #34 US
"Let's Talk About Me" (1985) #56 US
"Days Are Numbers (The Traveller)" (1985) #71 US
"Stereotomy" (1986) #82 US (video)
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