Steve Lukather peut s'entendre comme une véritable marque déposée, une sorte de label qualité, certifiant à l'heure actuelle plus d'un millier de collaborations diverses, des caisses entières de mélodies bankables estampillées TOTO et quelques Grammy Awards glanés au passage : une telle profusion que la critique se montre depuis des lustres infoutue d'en cerner le talent. Dans la facilité, elle préfère lui coller l'étiquette de requin de studio, un statut apparemment hautement méprisable dans les sphères autorisées. Pourtant, à l'heure où les guitares ne semblent plus avoir d'autre utilité que de férailler dans la distorsion pouèt-pouèt, notre jeune cinquantenaire s'offre avec "Ever Changing Times" une cinquième escapade en solitaire où le temps joue les électrons libres.
Pour parvenir à ses fins, Lukather s'est entouré d'une clique toujours à l'aise sur son aire de jeu, parmis lesquels Jeff Babko, Steve Porcaro, Lenny Castro, Joseph Williams, Leland Sklar et le toujours fidèle Randy Goodrum. L'arrivée de son fils Trevor (auteur de deux titres) et de sa fille Tina cautionne l'impression de travail en famille, où tout ce petit monde s'amuse plus qu'il ne s'acharne à trouver la clé des caisses enregistreuses.
Le premier morceau, qui donne son titre à l'album, se suffit dailleurs à lui-même : une introduction atmosphérique sur fond de fretless et puis un premier refrain gravé illico en mémoire vive, simple et direct, suivi d'un solo rondement mené, classe mais sans trop en faire, marque de fabrique du père Lukather qui tape dans le mille sans s'émasculer. Le reste est à l'avenant, sorte de cérémonie du souvenir où il avoue explorer "toutes les influences et les musiques qui sonnent bien". On retrouve donc la power-pop sauce romantique ("I Am", "Never Ending Night"), un hommage à Steely Dan ("Stab in the Back" chatouille les pieds), du rock catchy superbement produit ("New World"), du gospel-blues ("Jammin' With Jesus"), du Jazz fusion ("Ice Bound", "How Many Zeros") et quelques franches ruptures comme en témoigne "Tell Me What You Want From Me" qui démarre comme du Pink Floyd avant de virer agressif façon Kings X. "je pense que les critiques seront très supris de découvrir qui se cache derrière ce titre !" avoue le guitariste à propos de ce dernier morceau. Retour à l'envoyeur ? Pas si sûr. Steve Lukather n'a pas la rancune tenace et il préfère distiller sa vérité sur le conclusif "The Truth", instrumentale piano-cordes-guitare à la mélancolie aussi douce que raffinée. L'inspiration reste une intarissable source d'émerveillement. Tant mieux.
1. Ever changing times
2. The letting go
3. New world
4. Tell me what you want from me
5. I am
6. Jammin' with Jesus
7. Stab in the back
8. Never ending nights
9. Ice bound
10. How many zeros
Line-up de Ever Changing Times
- Steve Lukather - guitar, vocals
- Trev Lukather - guitars, bgv's (3), riff guitars (4), bgv's (6)
- Tina Lukather - bgv's, oohs and laughter
- Abe Laborial jr. - drums
- John Pierce - bass (1)
- Leland Sklar - bass (2) (3) (5-9)
- Phil Soussan - bass (4)
- Steve Weingart - synth fills (7), synth solo (9)
- Jeff Babko - keyboards (1-10)
- Randy Goodrum - synths (1) (2) (5) (10)
- Steve Porcaro - keys, orchestration and arrangement (11)
- Greg Mathieson - Hammond organ (6) (7)
- Steve MacMillan- additional synths (1) (3) (5) (9)
- Olle Romo- synths (8)
- Jyro Xhan- synths, atmospheres (1)
- Joseph Williams - bgv's (1) (3) (6) (8) (9)
- Bill Champlin - bgv's (6) (10)
- Bernard Fowler - bgv's (3) (6)
- Sharolette Gibson - bgv's (6)
- Lenny Castro - percussion (2) (6-10)
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