2003 - Némo présente ses "Présages". Révélation de l'année. Album sinueux qui n'en finissait pas de charmer au fil des écoutes. Furieusement vivant !
Un an plus tard les revoici avec un album au titre délicat : "Prélude à la Ruine". Entre feu de camp et marche funèbre. Un savant bricolage porté sur la première guerre mondiale. Nouveau saut dans le temps et de la suite dans les idées : la révolution industrielle, la guerre, la manipulation de masse, le futur, le progrès antisocial - atmosphère de fin de règne.
Porteur d'indignations, de coups de gueule, d'interrogations, la conception de ce Prélude est plein d'accidents de parcours.
Un torrent porté par la guitare de JP Louveton, plus tranchante, galvanisée par les accès de rage, des riffs aux power-chords fragmentés ("1914"). Cet album plutôt hirsute décharge son flux de compositions dodues renforcées par un violon bienvenu ("Les Temps Modernes", "Prélude à la ruine").
Comme un buisson qui roule, le style du groupe s'affine et s'affirme. Imaginaire généreux et foisonnant, toujours influencé par les pierres de taille (Iron Maiden, Dream Theater, Spock's Beard etc.) aux multiples ramifications.
Cocktail bien frappé, sur fond de rythmes pas évidents, "OGRE", "Les Yeux Fermés" et "Cluster 84" renouent avec une exubérance virtuose tempérée par le single bercé d'humanité "Eve et le Génie du Mal".
Cette jolie panoplie de chansons laisse malgré tout la place aux titres en spirale : le magnifique "Tous les Chemins" et ses joutes guitare / orgue (on songe à "Highway Star" de Deep Purple), percé de brisures rythmiques à la lisière du blues/jazz : attention sommet !
La suite "Le Monde à l'Envers" recouvre les arpèges cristallins ("Une Dernière Valse"), le groove bien senti ("Du Mauvais Côté") avant la chevrotine saturée ("Epitaphe"). L'occasion de saluer des musiciens au meilleur de leur forme !
Bémol. Personne n'est parfait - ce Prélude pêche une nouvelle fois par de petites faiblesses côté chant, très relatives, qui n'entache en rien le plaisir fécond procuré par cet album doté d'une production en progrès.
On pourra sans honte lui préférer les précédents "Présages", plus accessibles, sans doute moins torturé. C'est une affaire de goût. Némo avance à découvert et délivre un album exigeant, sombre et remarquablement complexe.
Pas franchement séduisant à la première approche, son côté baroque et parfois barré surprend - sans caresser dans le sens du poil. Insidieux, il nous ramène à lui. Contrepoint d'une uvre en devenir.
1. Les temps modernes 8'00
2. 1914 7'40
3. O.G.R.E. (Où la guerre réveille l'économie) 4'56
4. Prélude à la ruine 1'30
5. Les yeux fermés (Le retour de l'Ogre) 6'28
6. Eve et le génie du mal 4'30
7. Tous les chemins 9'04
8. Cluster 84 5'30
9. Le monde à l'envers 15'02
a) Une dernière valse
b) Du mauvais côté
c) Epitaphe
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