Les premiers pas chancelants sans le névrotique Barrett on permis à Pink Floyd de livrer un semi live instable (Ummagumma) et deux bandes originales totalement psyché (More, Zabriskie Point). Impression de sur place. Il fallu attendre "Atom Heart Mother" pour que le groupe trouve l'entrée de l'autoroute. Un mélange inégal mais possédant tous les ingrédients nécessaires aux grandes oeuvres à venir. Un poil jeté sur le sens du mot innovation, les musiciens se réveillent en cette année 1971 avec l'envie d'utiliser des objets quotidiens comme instruments de musique (bouteilles, ustensiles de cuisine et autres joyeuseries). Franche rigolade en perspective. Et même une guitare faite de rouleaux de scotch, d'élastiques et d'allumette. Bzoiiiiiing... revenus les pieds sur terre, ils reprendront leur oripeaux pour accoucher de cet "Echoes" scintillant.
Division : deux parties distinctes qui feront écoles - un côté pile faisant place nette à des titres courts entamés par le surpuissant "One of these Days" où la basse hypnotique de Waters (pourtant loin d'être un grand technicien) et la voix trafiquée de Nick Mason (unique participation vocale du bonhomme) nous achèvent pour le compte. Un titre phare qui sera reprisé tout au long de leur carrière. Le reste pourra sembler plus anecdotique mais dénote un sens de l'a propos d'une grande maturité. "A Pillow of Winds" d'une beauté acoustique, d'une simplicité touchante, "Fearless" ou "Seamus" (avec la participation du chien homonyme) aux arrangements subtiles et délicats. Wouf !
Alors quoi ? Mais bon sang, en retournant le disque (période vinyl) on assiste à un festin gargantuesque à la sauce folie Pink Floyd. "Echoes" (qui failli s'appeler Nothing Part 1 to 24", "Return of the Son of Nothing" ou "Crystal Voyager" titre d'un film sur le surf où le morceau apparaîtra) : une pluie de notes au piano comme des goutelettes suintant d'une caverne sourterraine. Une eau assez fertile pour donner naissance à cette mélodie lumineuse où scintille la guitare imparable de Gilmour. Si le fossé baigné d'inquiétude et de dissonances torturées brise un temps ce charme idyllique, le voyage retrouve in extremis les chemins de la sérénité. L'ultime écho de cette eau matricielle où le reste n'est que silence.
Un retour à la case départ qui ressemble (comme deux gouttes d'eau ?) à un grand bond en avant. Vers l'infini et au delà dirait l'autre. Pour décrocher la lune.
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