A la fin des années 80, le split sans crêpage de chignon mais bien inéluctable du ALAN PARSONS PROJECT laissa le compositeur/interprète Eric woolfson dans lexpectative : son nom nétant pas associé à celui du groupe multi-palmé, la suite sannonçait épicée. Dans ces périodes de remise en question, on navigue souvent dans les souvenirs et cest en piochant dans ses vertes années de musiciens de studio quil se souvint dun duo alors inconnu mais qui ambitionnait de cartonner dans les Musicals : ANDREW LLOYD WEBBER et TIM RICE. Laffaire avait (très) bien fonctionné pour eux alors so what ? Woolfson a toujours été attiré par les albums conceptuels ce qui fait un point commun avec un genre franchement casse-gueule. Ni une, ni deux, après avoir chatouillé luvre de Edgar Poe, Gaudi ou Isaac Asimov, il décide de se coltiner Freud ! Projet joyeusement loufdingue et limite « nervous breakdown » accepté sans sourciller par EMI. La comédie musicale nest pourtant pas franchement à la mode en Europe : point de Louis XIV en tutu, de Roméo bêllant sa Juliette, de Moïse bodybuildé ni de Spartacus enrobé (ou le contraire), Obispo na encore rien commis, lépoque nest pas encore verolée mais étaler sur scène le père de la psychanalyse : lidée aurait refilé un vertigo carabiné au premier sourd venu (un comble).
Anonymat. Lépoque était exemptée dinternet ce qui limitait les recherches aux disquaires plus ou moins spécialisés. Avec quelques grammes de chances, on pouvait donc débusquer linsolite objet intitulé « Freudiana » - minimum syndical, seul un autocollant permettait didentifier lauteur mais en regardant de plus près nous retrouvons comme un air de famille à la troupe : Stuart Elliott, Laurie Cottle, Ian Bairnson, Richard Cottle, Chris Rainbow, Eric Stewart, Andrew Powell à lorchestre, Alan Parsons aux manettes Ces presque 74 minutes évitent toute expérimentations envahissantes. A la place, un songwriting habile et maîtrisé. Ce qui aurait pu n'être qu'une idée branque, une espèce de trou noir musical à côté de la plaque, s'avère même un disque assez fascinant, étrange, gavé de textes soignés et fidèles à l'oeuvre de Freud : le petit "Hans" (esprit Beatles en sus), "Dora" (jolie ballade) et des figures célèbres comme le Docteur Charcot sur l'hypnotique "Let Yourself Go" viennent ainsi à notre rencontre.
La (fausse) candeur mélodique et la diversité des ambiances permettent de rester en osmose avec le sujet. Du rock de "I Am A Mirror" et "You're On Your Own" au royaume des rêves cartoonesques sur "Funny You Should Say That" en passant par le bidonnant "Sects Therapy" que de grands écarts habilement négociés. Jamais prétentieux, même quand il aborde Oeudipe ("No One Can Love You Better Than Me") ou, plus gonflé encore, le sur-moi ("Upper me"), l'émotion nous étreint sans forcer sur les harmonies vocales de "Far Away From Home" avant de nous faire plier avec le symphonique "Don't Let The Moment Pass" (véritable diamant romantique ) où la pureté vocale de Marti Webb fait des merveilles. Nous voici entraîné sans forcer jusquau final ("There But For The Grace Of God") poussé au-delà de la réussite par un John Miles en forme. Evidemment, on pourra toujours reprocher à "Freudiana" son aspect assez commercial (quoique), quelques passages mielleux en trémolo (on ne se refait pas), une instrumentale un peu exiguë ("Beyond The Pleasure Principle", seul titre composé par Alan Parsons) et des sonorités parfois un peu rétro.
Plaisir coupable. On se surprend à revenir piocher ici et là, passer d'un titre à l'autre, prendre, rejouer, retenir, prendre et découvrir un peu plus la richesse dun album plus complexe qu'il en a l'air. Et la comédie musicale me direz vous ? "Freudiana" fût bel et bien présenté outre Rhin et connu un certain succès. A titre personnel, je n'avais plus ressorti ce disque depuis quelques années. Comme si le temps lavait figé. Pourtant je lai retrouvé comme on retrouve un vieil ami. Avec lenvie de fredonner. Fredonner Freudiana ? Voilà qui n'aurait pas déplu au père Sigmund. La boucle est bouclée.
1. The Nirvana Principle instrumental (3:45)
2. Freudiana (6:21)
3. I Am A Mirror (4:07)
4. Little Hans (3:15)
5. Dora (3:51)
6. Funny You Should Say That (4:36)
7. You're On Your Own (3:54)
8. Far Away From Home (3:12)
9. Let Yourself Go (5:26)
10. Beyond The Pleasure Principle instrumental (3:14)
11. The Ring (4:23)
12. Sects Therapy (3:40)
13. No One Can Love You Better Than Me (5:41)
14. Don't Let The Moment Pass (3:41)
15. Upper Me (5:16)
16. Freudiana instrumental (3:43)
17. Destiny (0:51)
18. There But For The Grace Of God (5:56)
Line-up de Freudiana
- Eric Woolfson / keyboards
Guests :
- Laurie Cottle / bass
- Stuart Elliott / drums and percussion
- Ian Bairnson / guitars
- Richard Cottle / synthetizers and saxophones
- Alan Parsons / additional keyboards
- Eric Woolfson, Leo Sayer, Graham Dye, The Flying Pickets, Kiki Dee, Eric Stewart, Frankie Howerd, Marti Webb, Gary Howard, Chris Rainbow,
John Miles / vocals
- Orchestras Arranged and Conducted by Andrew Powell
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