Le voici donc enfin, ce nouveau Klaus Schulze que l'artiste nous annonçait déjà au printemps mais qu'il a été dans l'obligation de retarder pour des raisons de santé (mal de dos). Prévu pour juin, "Moonlake" verra finalement vu le jour le 4 octobre... Bon, on pardonnera ce retard à Klaus, d'autant que le jeu en valait la chandelle. Que pouvons-nous attendre de cette première vraie création studio du maître allemand de la musique électronique depuis 1997 ?
Et bien déjà, il ne s'agit pas d'un album entièrement studio, puisque sur les 4 pièces le composant, deux ont été enregistrées en Live, le 5 novembre 2003 à Poznan, Pologne (l'enregistrement complet de ce concert avait été publié pour les fans sur CD-R sous le nom de "Dziekuje Poznan").
Quatre pièces donc, pour plus de 73 minutes de musique. A elle seule, "playmate in paradise", la première, affiche une bonne demi-heure au compteur. "Artemis in jubileo", la suivante fait 17 minutes et les deux Live ("same thoughts" et "mephisto") respectivement plus de 10 minutes et un bon quart d'heure. Klaus continue donc à en fournir pour son argent à ses auditeurs.
Ce qui frappe en premier lieu à l'écoute de cet album, c'est que Klaus renoue avec les percussions et les rythmiques groovy qu'il affectionne (et qu'on apprécie particulièrement chez lui) mais qu'il n'a pourtant pas toujours mises à profit. Dès le départ, il met en route des séquenceurs et autres loops qui vont imposer leur structure à l'ensemble des pièces. C'est sans doute le lointain passé de batteur de l'artiste qui s'exprime ici. Autre innovation : c'est curieusement la toute première fois que Klaus utilise un mini-Moog (ayons une pensée émue pour cet inventeur, pionnier de la musique électronique, qui vient de décéder. Klaus lui doit beaucoup et il le sait) sur un album studio. Il l'avait, bien entendu, souvent utilisé, mais jusqu'ici toujours en Live. Klaus s'est sporadiquement adjoint les services d'un seul autre musicien sur "Moonlake", ceux du violoniste de formation classique Thomas Kagermann, avec qui il avait déjà travaillé, notamment sur Contemporary works en 2000. Thomas Kagermann vient du monde de la musique folk. C'est lui qui a insufflé les éléments ethniques présents dans "Moonlake".
Contrairement à ce qu'on pourrait penser, le titre "moonlake" n'a rien à voir avec une hypothétique filiation croisée entre "Moondawn" et "Crystal lake" (titre présent sur la face B de "Mirage") : il fait référence au Mondsee (Moonlake en anglais), un superbe lac autrichien situé à une vingtaine de kilomètres à l'est de Salzburg, ainsi qu'au village du même nom. Klaus voue une admiration toute particulière à cet endroit et à ses paysages. D'ailleurs, sur "playmate in paradise", on entend ces fameuses voix qu'il a qualifiées "d'atomiques" dans notre interview du printemps. Même si les sonorités sont à ce moment là plus qu'orientalisantes (entre la 19ème et la 22ème minute), on pourrait presque penser qu'il s'agit de cantiques ou de Yodl descendant de la montagne autrichienne pour se mêler aux sons émanant d'autres cultures, plus lointaines.
Non seulement "Moonlake" est-il réussi et typique de la musique de Klaus Schulze, mais il se démarque aussi de tous les autres opus pour affirmer sa personnalité propre. D'une grande richesse musicale, il révèle néanmoins ses nombreuses facettes dès la première écoute en alliant tradition et innovation. Klaus affirme "La musique est mon auto-thérapie. Lorsque je fais de la musique je me sens bien" : alors pourquoi se prendre la tête ? Faites comme lui, écoutez cette musique et appréciez-la comme elle vient.
Benoît Herr
KOID9
Track-list de Moonlake
1. Playmate In Paradise (30:07) 2. Artemis In Jubileo (17:49) 3. Same Thoughts Lion (10:38) 4. Mephisto (15:23)
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