En débranchant la machinerie Pink Floyd il y a vingt ans, et lalbum Division Bell, le trio Gilmour-Wright-Mason parachevait un long (et chaotique) périple musical en évoquant une rivière sans fin (« the endless river », déjà) sur la dernière chanson emblématique et prophétique « High Hopes ». A lépoque, on ferma les bans. Une tournée triomphale (gravé sur Pulse) et le rideau tombait sur un pan entier de lhistoire du rock progressiste et du rock tout court. Et puis Rick Wright sen est allé, en 2008, deux ans à peine après liconique fondateur Syd Barrett, abandonnant définitivement le souvenir dun Pink Floyd flamboyant à ses héros encore vivants.
En remettant la main sur des improvisations du claviériste disparu enregistrées lors des sessions de ce Division Bell sépulcral, David Gilmour et Nick Mason se décidèrent à travailler sur un album ambient initialement intitulé The Big Spiff. Rapidement, lidée fit son chemin dajouter guitare et batterie aux monologues musicaux de Rick Wright, poussé par les producteurs Martin Glover, Andy Jackson et Phil Manzanera.
« Were more than alive »
À larrivée, un nuage fantomatique, brodé de spleen, épouse ce nouvel album dune étrange et douce mélancolie, comme si labsence et la mort se dévoilaient lentement pour aboutir au seul titre chanté par Gilmour, « Louder Than Words », logiquement dans la lignée de Division Bell. Les textes tricotés par Poly Samson (compagne de Gilmour à la ville) ajoutent encore au référentiel qui façonne les compositions, sans trop en faire : « Shine on your Crazy Diamond », « Atom Heart Mother » ou « Run Like Hell » flottent subtilement sur les 17 titres éclatés en quatre faces. Evanescences évocatrices qui ne sombrent jamais dans lauto-citation facile lintervention de Stephen Hawkins sur « 14 Talkin Hawkin » provient même de lenregistrement utilisé pour le morceau « Keep Talking » (Division Bell, toujours).
« Its louder than words
This thing that we do
Louder than words
The way it unfurls
Its louder than words
The sum of our parts
The beat of our hearts
Is louder than words
Louder than words »
Plutôt que de jouer sur du velours et enfoncer les portes ouvertes, The Endless River flirte avec ces nappes atmosphériques éthérées pour mieux jouer les délicates rêveries. uvre mineure dans la discographie mythique du groupe, elle nambitionne rien dautre quà rester ce très bel adieu à lami, au frère darme, au passé. Une épitaphe douce-amère. Une coda en forme de requiem que lon aurait pu facilement imaginer exagérément crépusculaire mais finalement bercée dune douce lumière, chaleureuse. Un album modeste, humain et vivant mais on sait dorénavant quun simple battement de cur peut être plus fort que les mots. Et au milieu coule une rivière
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