Imaginons une galaxie lointaine. Très lointaine. Cest exactement le sentiment procuré par le petit dernier griffé Klaus Schulze, légende encore bien vivante dun genre tombé, lui, en décrépitude avancé. Pourtant, lorsquil sentend porter par un artiste aussi brillant que notre homme, la fascination du space rock tourne à plein. Avec Shadowlands, premier opus studio depuis cinq ans, et nouveau jalon dune discographie que lhumeur pourra estimer, selon les jours, entre 200 et 500 albums, le pionnier du Moog revient orchestrer avec un brio qui nappartient plus quà lui ces longues plages nonchalantes, au charme hypnotique et vénéneux... pourvu quon y soit sensible !
Lui-même avoue ne pas savoir faire court. Le calibrage de laffaire en dit long : trois titres pour 75 minutes dune musique qui nentend pas le temps passer. La production, subtile, lumineuse, met en lumière le violoniste Thomas Kagermann (déjà présent sur Contemporary Works, 2000), sobre et intense, et quelques voix qui ne sont pas sans rappeler son travail récent avec Lisa Gerrard (Dead Can Dance) sur Farscape (2008).
Étirer le concept jusquà labandon na pas toujours sourit à Klaus Schulze qui sait autant captiver quennuyer par ses loops inépuisables. Mais à 65 balais, notre ami peut dépoussiérer à loisir et prouve quil en a encore dans la besace. Au contraire de ses cousins de Tangerine Dream ou de Vangelis, il continue de bâtir son uvre avec un certain goût de lextrême. La version limitée de lalbum contient dailleurs un second disque composé de deux titres de 55 minutes et 18 minutes. Dans une veine plus world, à la frontière dun Terry Oldfield, il prolonge lécoute au-delà des deux heures et demi... et du raisonnable, peut-être. De quoi méditer sur ce voyage singulier, exigeant, terriblement libre.
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