AmarokProg - Chronique de Steven Wilson - the raven that refused to sing (and other stories) (2013) / Steven Wilson - the raven that refused to sing (and other stories) (2013) Review
Critique de The Raven That Refused To Sing (and Other Stories)
08/02/2013
Note : 10.0
Titre : Chef duvre
Ombres et lumières. Euphorie et extravagances. Le retour de Steven Wilson est amorcé. Calibré. Comme le messie dun genre méprisé, tenu sous respirateur artificiel depuis trois décennies, et dont il serait aujourdhui lun des seuls, sinon lunique prolongement naturel. Certifié conforme. Lhistoire est très belle mais pas autant que lalbum. Car Wilson reste un touche-à-tout introverti. Tête chercheuse de Porcupine Tree, quil nhésitera pas à mettre en veilleuse dès le vrai succès rencontré, mais aussi de No-Man, Blackfield, I.E.M., Bass Communion, Storm Corrosion et quelques autres collaborations fructueuses à la marge (Anathema, Opeth, Hackett et quelques caisses).
Shooté de musique(s), exégète repenti dun prog rock estampillé années 70, une position quil nassumait plus aussi farouchement avant une résurection approuvée des thuriféraires, le multi-instrumentiste entretient dautant mieux son attirance obsessionnelle pour la chose depuis quil sest penché sur les remasterisations des gardiens du temple : King Crimson, Emerson Lake & Palmer, Jethro Tull, entre autres, sont ainsi passés au lifting. Surtout, après deux albums en solitaire coulés de lave sonique, Insurgentes (2008) et Grace For Drowning (2011), sa dernière tournée lui aura permis de tester lossature musicale idéale pour interpréter la musique dont il rêve.
Ambitieux. Ce sextet doué dune énergie colossale pour leuphorie mélancolique accueille quelques incontestables la guitare au phrasé technique et mélodique de Guthrie Govan, les fûts percutants, perforants de Marco Minnemann, mais aussi les claviers de Adam Holzman qui a jadis pianoté avec Mile Davis, le fidèle Theo Travis et linénarrable Nick Beggs, bassiste caméléon sil en est. Cette improbable conjugaison permet à Wilson de chanter comme jamais, libéré des contraintes instrumentales par lexcellence équilibriste de ses frères darmes. Mais laffaire ne respirerait pas tant cette nostalgie dense et raffinée sil ne sagissait que de tuer le père et parler davenir. Le projet de The Raven est tout autre et se veut un disque-refuge du prog-rock, avec une puissance de frappe exceptionnelle, quoiquen coûte létiquetage.
Cette quatrième dimension, cest Alan Parsons qui se charge de latteindre. Appelé aux manettes, tel un Merlin lenchanteur de la console, à qui lon doit, quand même, le son dAbbey Road (Beatles), Dark Side of the Moon (Pink Floyd) et Year of the Cat (Al Stewart). Il se plongera dans lunivers en noir et blanc si particulier de Steven Wilson avec la gourmandise dun débutant et le savoir faire du prodige sonique. Le résultat délivre une musique en expansion, arrangée comme un Fantasia, bardée de grands frissons spinaux.
Bienvenue dans lunivers fascinant et fantastique de The Raven That Refused to Sing ! On pense à Edgar Poe évidemment (et au Tales of Mysteries dun certain Alan Parsons Project) pour les contours, lunivers, et les textes, véritables petites historiettes, gracieuses et fragiles, pour cauchemars éveillés. Les illustrations de Hajo Mueller (à la place de lhabituelle noirceur signée Lasse Hoile) ajoute aux ambiances de contes nocturnes et offre à la musique multimédia de Wilson un support visuel de haute tenue.
Les six morceaux, inspirés, inspirants, semboitent alors idéalement et composent autant de chapitres passionnés à ce livre de chevet foudroyant, jamais poussiéreux. On pourrait facilement se laisser aller à prolonger les débats en se penchant et en sépanchant sur chacune de ces chansons, éblouissantes de clair-obscurs. Chambre décho dun rock progressiste idéalisé, les expérimentations mutantes enfin canalisées permettent aux mélodies danges déchus de senvoler et surpasser le simple pastiche-revival habituel damateur triste.
Steven Wilson compose ici sa lettre damour à un genre dit moribond, dont il attise les braises de ses parenthèses glacées. Du dévastateur « Luminol » au déchirant « Drive Home » jusquau dernier souffle, contemplatif, du céleste « The Raven », la boucle semble bouclée. Addictif, elle ne manquera pas de flanquer une dérouillée de choix à toutes les plumes critiques acariâtres. Et malgré ses montagnes dinfluences, lalbum reste totalement « wilsonien ». Celui que lon espérait, à mots couverts, depuis des années. Magnifique. Incontournable. Il sappelle The Raven That Refused To Sing et cest un chef duvre.
Track-list de The Raven That Refused To Sing (and Other Stories)
1. Luminol (12.10) 2. Drive Home (7.37) 3. The Holy Drinker (10.13) 4. The Pin Drop (5.03) 5. The Watchmaker (11.43) 6. The Raven that Refused to Sing (7.57)
Line-up de The Raven That Refused To Sing (and Other Stories)
- Guthrie Govan / lead guitar - Nick Beggs / bass guitar - Marco Minnemann / drums - Adam Holzman / keyboards - Theo Travis / saxophone, flute - Steven Wilson / vocals, guitars, keyboards
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