"Rupture" pourrait être un mot qui caractérise bien Platinum: rupture d'abord formelle dans l'apparition de morceau "tranchés" - bien que la partie Platinum n'en fasse qu'une en réalité, les faits sont là -, et après une dose de 74 minutes d'Incantations achetée en 4 fois sans frais et nécessitant une quadruple perfusion (ne pas dépasser la dose préscrite), force est de constater que jamais jusqu'à présent Mike nous ai sorti 8 morceaux sur un seul album.
Ensuite rupture avec un certain genre musical auquel l'auteur nous avait habitué, c'est à dire une musique plus émotive et symphonique sachant prendre son temps, et le début d'une nouvelle ère: celle qui le mènera lentement mais sûrement vers une "pop" (certe évoluée) désormais orientée vers les têtes de gondolle, voyant réduire peu à peu la longueur de ses morceaux. Ici toutefois, le mélange est suffisamment hybride pour que nous n'ayons pas (encore) trop à nous plaindre.
Rupture enfin dans le contexte musical de l'époque: la déferlante Punk - qui aura bientôt raison du style progressif - fait du mal, beaucoup de mal aux musiciens purs et durs, et les maisons de disques commencent à choisir leur camp. C'est bien connu: au plus on a d'argent, au plus on en veut... voici donc un sacré défi pour notre compositeur !
On l'aura donc deviné: ce disque n'est pas tout à fait le fait de son créateur, tant les compromis semblent omniprésents, tant sur le fond que sur la forme. Jamais donc cet album n'atteindra la puissance émotionnelle et sans restriction d'un Ommadawn, on est même plutôt loin du compte, mais à dire vrai et étant donné les contraintes et le contexte, le sieur Oldfield s'en tire plutôt bien; en tout cas le résultat n'a aucune peine à se hisser au niveau supérieur de la mêlée de l'époque.
Cependant, qu'on ne s'y trompe pas, il s'agit bien (si si !) d'un album de Mike Oldfield: la patte/guitare est toujours aussi omniprésente, - bien qu'il ne s'agisse pas encore de la fameuse Gibson SG-1 - et on se demande bien à quoi ressemblerai "Platinum" sans l'instrument Maître du Maître, faisant pratiquemment tout le boulot sur le "Finale"; "Woodhenge" a quelques relants d'"Incantations", ce qui n'est pas pour nous déplaire; "Sally" (dont il existe une autre version sur "l'autre Platinum" -> Airborne) en revanche dénote un peu, c'est pourquoi je l'attribuerai non pas à sa soeur ni à sa femme de l'époque, mais plutôt à Branson :p ; "Punkadiddle" s'écoute sans coup férir, bien que j'ai quelques difficultés à saisir la touche vindicative envers le mouvement punk; enfin "I got Rythm" conclue ma foi un peu mollement l'album, ne laissant pas nécessairement une impression optimiste pour la suite...
Faits surprenants: on peut remarquer sur le line-up que Mike délègue énormément (à noter la présence de Pierre Moerlen) la basse est nettement plus présente que dans les albums précédents... outre le contexte musical, est-ce lié au fait que Mike n'en joue pas ici ?
Pour finir, je ne saurais trop vous conseiller de vous faire passer dans les cages à miel les versions live de "Platinum" époque 81 (Hannovre, Montreux), revisitant avec avec joie cette intéressante composition dans une version condensée et synthétique de 15 minutes, n'en préservant que la substantifique moelle et faisant fi des longueurs propre à la version studio. Les lives de "Punkadiddle" sont eux aussi intéressants à écouter.
Salocin
Track-list de Platinum
1 - Platinum - part one : Airborne - (5:06)
2 - Platinum - part two : Platinum - (6:03)
3 - Platinum - part three : Charleston - (3:17)
4 - Platinum - part four : North Star/Platinum Finale - (4:43)
5 - Woodhenge - (4:06)
6 - Sally - (5:00)
7 - Punkadiddle - (4:56)
8 - I Got Rhythm - (4:40)
Line-up de Platinum
- mike oldfield / electric & acoustic guitars; piano & synthesizer; vibraphone & marimbas, vocals
Guests :
- alan schwwartzberg / drums
- david bedford / vocals arrangements
- francisco centeno / bass
- hansford rowe / bass
- maurice pert / drums
- michael riesman / horns arrangements
- nicko ramsden / keyboards
- niel jason / bass
- peter gordon / horns arrangements
- peter lemer / keyboards
- pierre moerlen / drums, vibraphone
- sally cooper / tubular bells
- wendy roberts / vocals
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