Annoncé depuis septembre 76, "Chrome Dreams" sort finalement trente et un ans plus tard sous le titre épatant de "Chrome Dreams II" laissant les fans chercher quelques traces d'un premier opus inexistant mais dont les vestiges firent le bonheur de productions futures ("Like a hurricane", "Pocahontas", "Sedan Delivery"). Ici, on causera longtemps de l'énorme "Ordinary People" (datant de 88, époque Blue Notes), ses dix huit minutes et ses neuf couplets d'une amérique profonde revisitée ; un titre jusqu'ici incasable dont le format en scope aurait pu tout avaler sur son passage. Non, porté sur la foi et la politique (l'existence, les rencontres, la recherche d'une paix intérieure comme extérieure), cette excellente livraison surprend surtout par ses qualités d'autant plus qu'elle intervent peu de temps après son accident cérébral.
Malgré un ensemble prévisible blindé d'un son caractéristique (qui peut lasser à la longue), la décharge s'affirme comme un formidable panorama épiphanique du Loner : car "Chrome Dreams II" ne respire pas que le bonheur. Enregistré brut, quasiment sans overdubs, presque cradingue (roots quoi), avec Ralph Molina (batteur du Crazy Horse) et Ben Keith (déjà présent dur Harvest), l'album ravive les désirs folks ("Beautiful Bluebird" avec son fameux harmonica, le banjo de "Boxcar") et les frayeurs rocks comme sur "No Hidden Path" et son quart d'heure de complications (inutiles ?) pour tuer l'ennui. Guitare sèche ou électrique, Neil Young illustre son statut d'icône rebelle encore en fonds sur des titres plus ou moins forts (inutile "The Believer"), toujours sincères, puissants ("Dirty Old Man", "Spirit Road") dans cette façon quasi unique de traiter son propre mythe sans jamais se brosser dans le sens du poil, finissant même au piano, accompagné d'une chorale d'enfants sur le sympathique "The Way".
AmarokProg - Rock, Folk, Rock Alternatif, Metal, Prog Rock, Hard Rock, Blues, Bluegrass, Jazz, Celtique... le webzine musical avec albums, groupes, discographies, critiques, videos et extraits...