Il fût un temps, au début des années 2000, où lon attendait que NEAL MORSE mette un pied, ou les deux, sur la pédale de frein dune discographie à la propension apparemment exponentielle. De SPOCKS BEARD à TRANSATLANTIC, puis une carrière solo incrustée dun mysticisme lourdingue, le décompte dépasse facilement la douzaine dalbums studio, simple ou double, sans compter les enregistrements public, ni les panouilles effectuées ici et là pour les copains (Roine Stolt, Dream Theater) ou la famille (Alan, Richard).
Avec toute cette musique habitée, qui ne fait pas forcément rigoler tout le monde, on pouvait légitimement se demander si le padre allait se diluer dans la masse et finir par laisser filer le train. Lécoute du nouvel album intitulé « Lifeline » devrait confirmer, un peu, cette crainte chez les moins regardants.
La première chose quon dira, cest quil est toujours difficile, voire impossible, de lui contester un exceptionnel talent de mélodiste. Car la musique dévoilée, si elle use et abuse des recettes approuvées et éprouvées de ses expériences passées, ne se lasse pas dun façonnage dont le processus de fabrication respecte scrupuleusement les règles habituelles. Et si « Lifeline » ne développe aucun concept comme ce fût le cas sur les trois précédentes productions, il revient dans le giron des albums autobiographiques en le transformant derechef en une sorte de « Testimony 2 » tant sur le fond que sur la forme.
Résultat : lalbum alterne entre ballades accessibles (« Children of the Chosen », splendide, avec son intro vaporeuse façon IONA, sa mélodie proche de « Wind at My Back »), voire carrément sucrées (« The Way Home », « Fly High ») qui feront la joie des vendeurs de briquet lors de ses prochains concerts, un hymne joyeux à tuer un diabétique (« Gods Love » un chouia pompeux), un titre plus expérimental joyeusement barré (« Leviathan ») qui déroule un fil humoristique assez nouveau.
Mais ce qui ne serait quune suite de chansons très bien fichues prend une épaisseur supplémentaire à lécoute des deux authentiques morceaux de choix sans quoi ce disque ne serait pas tout à fait du Neal Morse authentique. Message reçu avec « Lifeline », qui déroule comme un carnet de bord rempli de beaux décollages, colorié dun thème brillant, et de la presque demi heure de « So Many Roads », suite à tiroirs carrée des épaules, coulée dans le bronze massif avec ruées dans le jazzy, bardée dune infaillible puissance rythmique qui finit sa partition dans les nuages.
On pourra faire la fine bouche, trouver que notre hurluberlu tourne en rond (et puis quoi ?) mais on constatera malgré tout que laddition finit une fois encore par survoler le tout venant. Et si le buffet ne satisfait pas tout à fait autant que sur « Question Mark » ou « Sola Scriptura », plus énergiques et ferrugineux, on pourra trouver goûtue, pour peu que lon ny soit pas allergique, cette recette à la fois sucrée et salée. Raffinée quoi.
1. Lifeline (13:27) 2. The Way Home (4:20) 3. Leviathan (6:05) 4. God's Love (5:27) 5. Children Of The Chosen (4:57) 6. So Many Roads (28:42) I. So Many Roads II. Star For A Day III. The Humdrum Life 7. Fly High (6:30) IV. All The Way To The Grave V. The Eyes Of The Savior VI. So Many Roads Reprise
Total Time: 68:08
Line-up de Lifeline
- Neal Morse / keyboards, guitars, vocals - Mike Portnoy / drums - Randy George / bass
Guest musicians: - Paul Bielatowicz / 2nd guitar solo (7) - Carl Groves / background vocals (1, 2, 5 & 6) - Jonathan Willis / strings (2, 7 V) - Jim Hoke / saxophone (3 & 6 III) - Ivory Leonard and Danielle Spencer / background vocals (6)
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