Le successeur du semi-décevant "Hail to the Thief" aura mis trois ans à voir le jour. L'engagement politique de RADIOHEAD est toujours vivace et depuis la réelection de Bush, le groupe n'avait pas grand chose auquel se raccrocher pour se remonter le moral. Côté inspiration, c'est une autre affaire : Tom Yorke ayant livré son premier jet en solitaire l'an passé (The Eraser, dans la continuité), il semblait indispensable de se donner de l'air dans l'approche musicale tant l'univers des anglais devenait étouffant, irrespirable. "In Rainbows" répond à cette nécessité. Par une approche marketing "novatrice" qui replace pour un temps l'auditeur au centre de la musique, remplaçant l'aspect compulsif du téléchargement habituel par un truc intéractif un poil flambeur. Car chacun sait que RADIOHEAD a les reins assez solides pour miser sur un système où le prix de l'achat en ligne est par le client... d'autant que la qualité des fichiers (mp3 sans dRM de bonne qualité, sans plus) impose de patienter encore un peu pour se faire une idée réelle de la valeur sonique du projet : un coffret est déjà prévu pour Nöel (40£ avec en prime un cd huit titres supplémentaires, un double vinyle, des photos, un livret) et la sortie officielle du CD "classique" estimée à l'horizon 2008. Vu le degré de fidélité des fans, l'affaire devrait être juteuse.
Au delà de son aspect financier, "In Rainbows" c'est aussi de la musique.
Pour une fois, les anglais ne cherchent pas de nouvelles directions. Plutôt la confirmation d'une empreinte sonore bien établie plus proche ici de la solidité d'un "OK Computer" que des expérimentations parfois ennuyeuses de "Kid A" et "Amnesiac". La plongée dans l'arc-en-ciel recharge en mode calmée la voix déchirée du lycanthrope Yorke si imposant sur les chaotiques "15 Step" et "Bodysnatchers" avant de clouer dans un calme d'une belle fragilité ses propos toujours aussi abstraits, définitivement sombres dans leur description d'un quotidien en déliquessence qui impose de changer les choses pour ne pas se laisser ensevelir. Plus rêveur comme en témoignent les exquis "Nude" (déjà joué sur scène en 98) et "Faust Arp", l'album n'oublie pas les manipualtions électroniques ("Reckoner"), la ballade ("House of Cards"), ni le rock vertigineux ("Jigsaw Falling Into Place", "Weird Fishes/Arpeggi" en croisement de U2 et ENO).
Toujours bardé d'arrangements luxueux (merci Jonny Greenwood), la version actuelle de "In Rainbows", plus proche de la super-démo que d'un produit fini, a été secouru par l'infatigable Nigel Goldrich en remplacement de Mark Stent et laisse dores et déjà augurer d'une version définitivement emballante.
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